La colère du commissaire
Maigret et la vieille dame (1950)
Pour en arriver là, il faut qu'il soit à bout de nerfs. Et dire que tout avait si bien commencé avec, vingt kilomètres avant Etretat, au moment de prendre le train qui y conduit, la vision d'une famille de Parisiens dont les enfants portaient des filets à crevettes! Car la mer, pour lui qui était né et avait passé son enfance loin dans les terres, c'était resté ça: des filets à crevettes, un train-jouet, des hommes en pantalon de flanelle, des parasols sur la plage, des marchands de coquillages et de souvenirs, des bistros où l'on boit du vin blanc en dégustant des huîtres et des pensions de famille qui ont toutes la même odeur, une odeur qu'on ne trouve nulle part ailleurs.
Le charme n'a pas opéré longtemps, et pour cause: Maigret n'est pas en vacances à Etretat, il vient enquêter sur un meurtre dont a été victime Rose, la bonne de Valentine. Un empoisonnement à l'arsenic par lequel la vieille dame croit avoir été visée, Rose étant morte par erreur. Valentine est venue elle-même à Paris pour rencontrer le commissaire, dans le même temps que son beau-fils, le député Charles Besson, s'adressait au ministre pour obtenir que Maigret se charge de l'affaire. Quand on est la vedette du Quai des Orfèvres, tout le monde croit que vous pouvez résoudre les affaires les plus troubles! D'ailleurs, Valentine collectionne les articles sur Maigret. C'est ce qu'elle dit, du moins, car elle ne remettra jamais la main sur l'album et personne ne l'a jamais vue lire un journal...
Bref, la présentation initiale de l'énigme était pour le moins simpliste. Et ses dessous révèlent des secrets de famille aussi peu ragoûtants que du linge sale. Qui, pour cette fois, se lavera en public - après la fin colérique du roman.