Après Le livre des choses perdues, Grand prix littéraire du web et prix Imaginales Etonnants Voyageurs en 2009, John Connolly nous enchante à nouveau avec "Les Portes". C'est l'histoire de Samuel Johnson, 11 ans, intelligent et vif, qui ne se sépare jamais de son teckel Boswell.
John Connolly commence par un exposé croustillant du Big Bang, la création de l’univers. Selon lui, le Mal Suprême existe depuis toujours et il attend, caché en Enfer, de pouvoir enfin détruire notre monde et asservir les humains. Son point d'entrée est une porte : il s'agit du Grand Collisionneur de Hadrons du CERN. Mais il ne peut pas ouvrir cette porte en tournant simplement une poignée...
Samuel, lui, prépare Halloween avec impatience, il est même en avance de quatre jours lorsque, déguisé en fantôme, il tente de prendre de l'avance et d'obtenir des friandises auprès des voisins.
Ses nouveaux voisins du 666 (!) Crowley Avenue, des gens qui s'ennuient terriblement, sont en train de se livrer à des rites sataniques. Le Mal Suprême en profite pour lancer son armée de démons sur Terre. A partir de ce moment-là, John Connolly s'amuse et le lecteur également : il nous entraîne dans une histoire loufoque mais très bien construite et très bien écrite. La vulgarisation des éléments de physique quantique (le Grand Collisionneur de Hadrons est un accélérateur de particules) rend le texte instructif, tout en restant abordable pour des jeunes adolescents.
Les démons, créatures et monstres qui peuplent le récit pourront peut être faire frissoner les plus jeunes, mais régaleront en tout cas tous ceux qui liront "Les Portes" ! L'humour est en effet omniprésent. Les notes de bas de pages sont nombreuses, toujours malines, drôles, parfois ironiques et grinçantes, pleines de bon sens. L'auteur s'implique complètement dans son texte. Il n'hésite pas, à chaque renvoi, à donner son avis, faire passer des messages, sur un ton direct et sympathique.
Même si ce roman s'adresse aux jeunes (9-15 ans), les adultes qui ont envie de passer un bon moment trouveront beaucoup de plaisir à lire "Les Portes". Les démons sont bourrés de clichés, ils ont un aspect franchement dégoûtant, ils sentent mauvais (ils traînent une odeur d'oeufs pourris), et sont affublés de noms et d'attributions ridicules : Töng est le Démon des Chaussures Inconfortables, Figoluk celui des Biscuits Rassis ! Quant au démon Nouillh, qui deviendra ami avec Samuel, c'est un démon craintif, attiré par les Porsche les Aston Martin !!!! Ces démons ne pourront pas grand chose face aux humains qui se défendront certes avec les moyens du bord (aérosol, ustensiles de cuisine, etc) mais efficacement !
Vous l'aurez compris, "Les Portes" est un heureux mélange, fin et drôle, traitant de façon volontairement manichéenne du Bien et du Mal. La fin laisse la possibilité à John Connolly d'écrire la suite. Comme on en redemande, ce serait une bonne nouvelle !
John Connolly était l'invité de l'Escale Littéraire le 29 septembre 2010