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“Amore” : amour, gloire et beauté

Par Kub3

Tilda Swinton n’a pas un physique de jeune première mais depuis plus de vingt ans mène sa barque avec brio. De ses premiers petits cachets à des seconds rôles d’importance, dont celui pour Michael Clayton qui lui a valu un Oscar bien mérité, Swinton n’a pas vraiment eu les honneurs du devant de la scène. Les choses tournent avec Amore, un film italien qu’elle a par ailleurs co-produit. Et la surprise est de taille.

“Amore” : amour, gloire et beauté

À première vue, Amore (ou plutôt Io sono l’amore soit Je suis l’amour) est un film comme on en a vu des dizaines : une femme de bonne famille, éprise par un va-nu-pieds, hésite entre tout plaquer et vivre sa vie toute tracée. Au final, l’histoire reste basique. Madame Bovary n’est jamais loin et si on pense aussi à Hitchcock ou Visconti, le premier par les références, le second par l’ambiance, très rapidement le réalisateur Luca Guadagnino prend ses marques et installe son cinéma.

Allons au but : Amore est une claque. Graphiquement, techniquement, visuellement, musicalement, le film est impeccable. La force de Guadagnino est tout simplement de transformer l’émotion de ses personnages en mouvements et en lumières. Tilda Swinton suit l’homme qu’elle aime dans la rue et on est pas loin d’être dans un film d’action ; la caméra virevolte, tourne, panote, change d’axe pour tenter de retrouver cet Antonio mystérieux qui disparaît dans la foule. Poignant.

La lumière est renversante, les éclats et les reflets solaires illuminent les visages et assombrissent les décors, choisis avec un soin méticuleux. Les personnages semblent se mouvoir dans de la tapisserie verte et dorée, à jamais figée dans le temps. On est saisi par la simplicité des évènements mais tournés, filmés, montés avec bruit et fureur. Les moments forts sont coupés, enlevés du film. Il n’en subsiste que les ruines, les souvenirs, les explications, malgré peu de dialogues.

Il y a une véritable synergie entre ce parti-pris visuel et la musique, extraits d’œuvres de John Adams, compositeur de musique moderne américaine, digne héritier du courant minimaliste de Steve Reich ou de Philip Glass. C’est épique, c’est grandiose (la musique de The Matrix est très inspiré par lui), c’est violent et sombre, et surtout ça colle parfaitement avec le film, lui donnant sur certaines scènes — la fin tout particulièrement — un lyrisme et une puissance rarement vus sur un sujet comme celui-là.

Si tous les comédiens sont excellents, Tilda Swinton, bien sûr, est magistrale de bout en bout. Sa froideur, son obsession, tout est parfait. Elle prouve ici qu’elle est une grande actrice : on ne la sent pas jouer, on la sent juste vivre et souffrir, aimer et pleurer. Elle obtient ici l’honneur suprême d’être l’impératrice couronnée d’un film sublime et la preuve qu’elle est une immense comédienne.

“Amore” : amour, gloire et beauté

En salles le 23 septembre 2010

Crédits photos : © Ad Vitam

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