Il s’agissait de fêter le 200ème numéro et les 60 ans de la revue Action Poétique.
C’est Henri Deluy qui en ouverture des lectures a présenté succinctement la revue, les idées qui l’animent et tout le travail accompli pendant ces soixante ans. En commençant par une boutade sur l’âge de la retraite, tout en faisant plus ou moins savoir que la revue s’arrêterait peut-être à 62 ans !
Action poétique est sans doute, dans le monde, la seule revue entièrement consacrée à la poésie qui fasse preuve d’une telle longévité. Elle essaie d’être là d’une façon « vive et intéressante »
La revue est née à Marseille, dans les années cinquante, sur l’initiative de deux poètes, aujourd’hui un peu oubliés, Gérald Neveu et Jean Malrieu. Action poétique trouve vraiment sa voix entre les années 50 à 60. C’est le temps des guerres coloniales, Madagascar, La Tunisie, Le Maroc, l’Indochine, l’Algérie. « A Marseille on voit partir les soldats et revenir les cercueils ». Ce contexte a largement marqué la revue qui aura longtemps des positions d’extrême-gauche, en tous cas jusqu’à la « fin de nos rêves, de nos illusions ». La revue est témoin et la question qu’elle pose est de savoir ce que l’on peut faire avec l’écriture de tout ça. Henri Deluy évoque ensuite l’enfance très modeste de la plupart des fondateurs de la revue, parents ouvriers, génération suivante, donc la leur, instituteurs et le bain de langue dans lequel il a été plongé dans l’enfance, arménien, italien, espagnol, hébreu, arabe ; il voit là l’origine de son ouverture au monde, de son goût du voyage et de l’ailleurs et de l’ouverture d’Action Poétique sur toutes les poésies étrangères. En faisant l’inventaire des sommaires (lequel inventaire est paru dans le numéro 200), il a pu constater qu’il n’y a pratiquement pas un numéro d’Action Poétique sans la présence d’un ou de poètes étrangers. Sans parler des innombrables numéros consacrés à la poésie étrangère ou incluant de forts dossiers sur la poésie de tel ou tel pays.
Il termine cette première présentation en disant que le comité de rédaction a souhaité inscrire au sommaire du numéro 200 uniquement des poètes qui n’avaient pas encore publié dans Action Poétique. Mais que les invités de cette soirée seront les témoins de son histoire. Notamment avec Andrée Barret qui fut longtemps la seule femme au comité de rédaction et en précisant que l’équipe qui aujourd’hui assure la plus grande partie du travail est formée d’Yves Boudier (présent mais qui n’interviendra pas), Liliane Giraudon et lui-même. Et que le comité actuel compte cinq femmes, dont Isabelle Garron
Avant de commencer la lecture proprement dite, il donne ce proverbe romani « si les gens autour de toi disent d’un taureau que c’est une vache, alors dis comme eux mais surtout ne va pas le traire ». Il dit enfin qu’il a inclus, selon son habitude, des mots étrangers dans son texte, des mots volés, des mots de romani, pour se faire complice du recel dont sont constamment accusés les Roms (Poezibao espère donner prochainement un extrait de ce texte et mener un entretien infini avec Patrick Beurard Valdoye sur la question de la culture romani).
C’est ensuite au tour du jeune poète Ali Hmiddouch, qui lira un texte
Retour d’ Henri Deluy, excellent lecteur de surcroît, qui donne des pages de son prochain livre, ponctuées par une sorte de chronométrage et Yves di Manno qui lit tous les poèmes de lui parus dans la revue (n° 123, 132 et 153/154). Yves di Manno qui dit l’importance essentielle de la revue. En quoi elle fut déterminante dans sa propre trajectoire, contre l’idéologie dominante d’une époque qui proclamait la fin, la mort, l’impossibilité de la poésie. Action Poétique a
La soirée se termine en beauté avec une grande dame d’Action poétique et de la poésie, Liliane Giraudon qui dit que toute sa vie aurait été indéniablement autre si elle n’était entrée à Action Poétique, si elle n’en
On ne regrettera qu’une chose, l’assistance si clairsemée pour ce moment fort entièrement consacré à un très beau combat pour la diffusion de la poésie, dans un esprit d’ouverture et avec une longévité dans la fidélité à soi-même exceptionnels.
par Florence Trocmé (©)