Tokyo, Japon
Vera avait passé ces derniers jours à tenter d’oublier les mésaventures
du début de la semaine, et avait essayé de profiter de son voyage.
Elle avait dans l’idée de passer la matinée à admirer les diverses architectures de la ville, et de se balader en faisant les
boutiques. Depuis les évènements du lundi, Vera avait pris l’habitude de se retourner dans la rue, jamais rassurée.
En effet, elle ne savait toujours pas qui était cet homme, pourquoi il la suivait, et pourquoi le FBI la voulait. Si jamais
c’était le FBI. Et même s’il s’agissait d’eux, s’agissait-il de leurs méthodes habituelles ?
A cette heure-ci elle était tranquillement à l’hôtel, étendue sur son lit, regardant la télévision, avant d’aller au restaurant
au rez-de-chaussée, prendre son petit déjeuner. Après, elle allait se mettre à lire le manuscrit qu’elle avait reçu.
Ayant déjà commencé à le lire, elle trouvait l’histoire intéressante. C’était le deuxième roman de cet auteur qu’elle
traduisait, et elle avait bien aimé le premier. Au fur et à mesure de l’histoire, elle marquait ses repères afin de pouvoir traduire, un peu plus tard.
L’histoire se déroulait au Japon : Takezo Masashi était un brillant policier, jusqu’au jour où il reçut une photo, représentant
une tombe à son nom, sur laquelle figurait la date de sa mort.
Elle éteignit la télévision, lorsque le téléphone se mit à sonner.
Peut-être était-ce Sarah, ou Zoé, une des ses amies allemandes.
Contrairement à ce qu’elle imaginait, lorsqu’elle décrocha le téléphone et lança un « Allô ? » automatique, une voix masculine
répondit.
- Bonjour. Ai-je bien Vera Lemmin au téléphone ?
Vera, ne savant pas pourquoi un homme l’appellerait, fit la relation entre l’homme du FBI et l’homme au téléphone. Mais cela ne
semblait pas être la même voix.
Hésitante à donner son identité, elle lança :
- A qui ai-je l’honneur ?
- Madame, je m’appelle Julian Lewis, de la police de Phoenix, aux Etats-Unis. Je suis désolé de vous déranger
durant vos vacances, mais j’ai une très mauvaise nouvelle à vous annoncer.
Elle prit peur.
- Il se trouve que quelqu’un essaie de s’en prendre à vous. Vous avez bien vécu à Phoenix, entre 1985 et 1994
?
- Oui…
- Est-il vrai aussi que vous avez participé en temps que juré au procès de Victor Bentham ?
- Je crois, oui…
- Quatre des douze jurés ayant participé à ce procès sont morts durant cette semaine, tous tués d’une manière
atroce.
Vera ne savait pas quoi dire, elle était pétrifiée. Peut-être que cela avait un rapport avec l’homme en noir ? Elle lança,
manquant de tomber dans les pommes :
- Je… je… Il se trouve justement que j’ai été attaquée dans la nuit de lundi soir… Un homme qui se faisait
passer pour quelqu’un du FBI…
- Vous êtes allé voir la police locale ?
- Oui, ils m’ont dit que personne n’avait été envoyé du FBI pour moi…
- Je vois. Du moins nous pensons que la personne tentant de s’en prendre à vous, s’il s’agit de la même
personne, tue toutes les personnes qui ont composé ce jury qui a jugé coupable Victor Bentham en 1988 d’un crime et a été mis en prison pour 20 ans. Il se trouve que Victor Bentham est sorti de
prison en début d’année. Peut-être pourriez-vous me dire pourquoi toutes ces personnes meurent ?
- Euh… je… je n’en ai aucune idée…
Vera connaissant pourtant bien la réponse.
Vingt ans plus tôt, lors du procès, un homme qui était censé faire partie du jury était mort d’une crise cardiaque. Un homme a
pris sa place, et a bien fait comprendre au juré qu’il fallait que Bentham soit coupable. Pourtant, plusieurs preuves faisant partie du dossier semblaient contradictoires…
- Bien madame Lemmin, reprit Julian, je vais faire venir deux gardes du corps à Tokyo, ils seront la demain.
En attendant, faites attention, restez dans votre hôtel.
- D’accord, et merci. Au revoir.
Vera raccrocha et la peur qu’elle n’avait pas ressenti depuis vingt ans remonta à la surface. Elle réfléchit longuement,
allongée sur son lit, le regard vide.
Finalement, le ventre creux, elle décida de se lever afin d’aller manger un morceau.
Alors qu’elle fermait la porte de sa chambre à clé, elle sentit tout d’un coup que quelqu’un appliquait un mouchoir sur son
visage. Peu à peu, elle perdit connaissance.