♥ ♥ ♥
Un magnifique chant d’amour.
L’auteur :
Bernardo CARVALHO est un auteur brésilien, également journaliste et traducteur. Son roman « Mongolia » a reçu en 2003 le prix Jabuti du meilleur roman au Brésil.
L’histoire :
Le comité des mères de soldats à Saint Pétersbourg rassemblent des femmes qui tentent de sauver leurs fils de la guerre. Marina a une part active au sein de ce comité, et quand Ioulia, ancienne camarade du lycée, lui rend visite pour le fils d’une amie, Marina va lui raconter l’histoire tragique d’Andreï et de Rouslan, deux fils perdus dans la guerre.
Ce que j’ai aimé :
- Si certaines mères dans ce roman sont prêtes à de nombreux sacrifices pour leur enfant, comme celles appartenant au comité des mères de soldats, d’autres sont loin d’être ces êtres irréprochables, pures dans leur amour. Elles ont abandonné leur fils, ou bien elles ne savent pas écouter les cris désabusés de leur progéniture pourtant encore présente à leurs côtés, l’une d’elles, Anna ment à sa famille par omission…
Le rapport entre une mère et son fils n’est donc pas exempt de complexité :
« Nous sommes capables de tuer pour un fils. Et nous finissons par être payées dans la même monnaie quand la guerre emporte un fils. Nous sommes prêtes à défendre notre progéniture et notre clan envers et contre tous. Sans vouloir comprendre que c’est de là que naissent les guerres. » (p.196)
Quand l’on parle de « mère-patrie », les termes ne sont pas innocents et l’auteur met en avant la violence à laquelle sont soumis ces fils perdus dans un pays qui ne leur offre comme choix que la guerre (celle qui sévit entre la Russie et la Tchétchénie), l’engagement, ou le sexe et l’oubli qu’il procure.
« Il y aura toujours quelqu’un prêt à reconnaître et à attaquer la vulnérabilité où que celle-ci se manifeste –et surtout dans cette ville. Il a envie de dire au soldat (mais ne le fait pas, car il ne l’a pas encore compris entièrement) qu’il ne cessera d’être vulnérable que lorsqu’il n’aura plus rien à perdre. Tant qu’il aura quelque chose, n’importe quoi, il continuera à être persécuté.» (p. 130)
Les mères sont des êtres humains vulnérables par essence, sans cesse sur la brèche. Il leur faut un courage exemplaire pour accepter ce défi dans un pays en proie à une violence latente incessante…
Ce que j’ai moins aimé :
- Il est quelquefois difficile de démêler les liens subtils tissés entre les nombreux personnages.
Premières phrases :
« - Je ne peux pas avoir d’enfants. J’ai mis plus de vingt ans à l’avouer sans devoir d’explications. J’ai attendu que les femmes de notre génération arrivent à l’âge où elles ne peuvent plus en avoir.
- Alors, pourquoi es-tu venue ?
Toutes deux étaient assises dans un café de la rue Rubinstein. Cela faisaient quarante ans qu’elles ne s’étaient pas vues. Elles avaient été camarades de classe. Elles sont encore sous le choc du hasard et de leurs retrouvailles, bien qu’elles n’aient pas été vraiment très proches à l’école. »
Vous aimerez aussi :
Luz ou le temps sauvage d’Elsa OSORIO
Ta mère, Bernardo CARVALHO, traduit du brésilien par Geneviève LEIBRICH, Métailié, Bibliothèque brésilienne, août 2010, 216 p., 17 euros
Merci à Valérie GUITER des Editions Métailié pour ce choix.