Nicolas et Carla font du shopping à New-York
Lundi, Nicolas et Carla Sarkozy s'affichaient à New-York. Ils étaient arrivés dès samedi pour un weekend privé. Au menu, du shopping et un brunch avec Richard et Cécilia Attias. Lundi à la tribune de l'ONU, Nicolas Sarkozy a livré un discours express de 7 minutes à l'occasion du Sommet sur les objectifs du Millénaire, une épreuve de communication présentée en France comme un évènement. En réalité, l'allocution sarkozyenne était noyée dans une succession de déclarations similaires deux jours durant. Faussement généreux, il a promis d'augmenter de 20% l'aide française à la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, soit 60 petits millions d'euros supplémentaire pour cette grande cause mondiale dont, comme par hasard, Carla Sarkozy est également ambassadrice à l'ONU. Pourquoi avoir choisi cette cause parmi d'autres ? Plus grave, Sarkozy a prévenu les pays pauvres qu'il ne fallait pas compter sur les pays riches, englués dans la crise : il préfère que le monde se dote de « financements innovants », comme une taxe sur les transactions financières internationales. Un peu plus tard, son épouse Carla se montrait sur CNN pour fustiger les deux biographies qui lui sont consacrées et qui sont sorties en librairie la semaine précédente.
Il paraît que ces deux ouvrages ont particulièrement agacé Nicolas Sarkozy. Avec la plainte du Monde, contre X, pour violation du secret des sources dans l'affaire Woerth/Bettencourt, les relations du pouvoir avec certains journalistes seraient exécrables. En fait, il n'en ai rien. Chez Sarkoland, on aime faire croire que le président est harcelé, malmené, honni par l'establishment médiatique. Cela offre, à peu de frais, une image « populo » au Président des Riches.
Alzheimer et légions d'honneur
Mardi, la Journée mondiale dédiée à la maladie d'Alzheimer était de l'occasion de se rappeler que le sujet est quasiment une affaire de famille chez les Sarkozy. Nicolas a annoncé son grand plan dès février 2008, son frère Guillaume, ex-vice-président du Medef, s'est reconverti chez Malakoff Médéric qui gère une fondation Alzheimer. Et son autre frère, François, est associé dans AEC Partners, une société de conseil en placements financiers, restructuration d'actionnariat et négociation d'accords de licences dans le domaine pharmaceutique. Nombre de clients prestigieux d'AEC Partners sont également associés à la fondation Alzheimer, dotée de 200 millions d'euros par Nicolas Sarkozy.
Cette privatisation d'une cause publique est l'un des symptômes effrayants de Sarkofrance : Nicolas le Président se serait-il autant investi si deux de ces frères n'y travaillaient pas directement ?
Nicolas Sarkozy a décoré en personne Guy Wildenstein de la Légion d'honneur, le 5 mars 2009. Cette révélation du Canard Enchaîné, mercredi 22 septembre, relance l'affaire Wildenstein. Guy, de son prénom, est accusé par sa belle-mère Sylvia d'avoir détourné dans des paradis fiscaux l'essentiel des 4 milliards d'euros de son mari décédé en 2001. Malgré des relances écrites, ni Eric Woerth ni François Baroin n'ont daigné engager des poursuites pour fraudes fiscales à l'encontre de ce proche de Nicolas Sarkozy, représentant de l'UMP pour la Côte Est des Etats-Unis, et organisateur du Premier Cercle pour la campagne de 2007.
Hortefeux, la communication terrorisante
Il nous aura tout fait. La chasse aux Roms, puis aux Roumains (pas plus délinquants que d'autres étrangers dixit le ministre), puis la suggestion d'introduire des jurés dans les tribunaux correctionnels. Cette semaine, l'heure était au terrorisme. Cinq nouveaux otages au Niger, dont une succursale locale d'Al Qaida revendiqua l'enlèvement, et voici que la menace terroriste devient imminente. On s'interroge sur ce sens de l'opportunité médiatique. Mais même la presse doute des intentions du ministre. Hortefeux envoie Squarcini, son patron de la DCRI habituellement occupé à traquer les rumeurs d'adultères et les fuites vers la presse concernant l'affaire Woerth, puis Péchenard, son directeur de la police, expliquer aux médias que les menaces sont sérieuses. Et que souhaitent-ils que l'on fasse ? Peut -être que l'on évite de manifester, jeudi, contre la réforme des retraites. Mercredi matin, Sarkozy explique en conseil des ministres qu'on « ne fait pas de la politique sur ce genre de sujet.» Non bien sûr.
Michèle Alliot-Marie, elle, a juste envie de réduire le nombre de gardes à vue. Depuis que l'on a découvert, au printemps dernier, que le nombre de gardes à vue avait plus que doublé en 10 ans, pour atteindre 800 000 actuellement, chacun y va de sa proposition. Loin de renoncer à faire interroger des suspects sans la présence d'avocats - une situation quasiment unique en Europe -, la Garde des Sceaux réfléchit à créer une audition libre, une sorte de « garde à vue » volontaire de 4 heures maximum, toujours sans la présence d'un avocat. En juillet dernier, le Conseil Constitutionnel avait retoqué son projet initial et réclamé l'assistance d'un conseil. La nouvelle proposition de la ministre, présentée en conseil des ministres le 7 septembre dernier, ne satisfait personne : les syndicats de policiers protestent contre les futurs obstacles imposés à leurs interrogatoires; les avocats s'insurgent contre ces auditions libres qui restent et demeurent ... des interrogatoires de police.
L'UMP se déchire à Biarritz
Mercredi et jeudi, l'UMP organisait ses journées parlementaires. Les vrais signes de pourrissement sont sans doute là-bas. Le parti présidentiel ressemble chaque jour davantage au Parti Socialiste pré-Congrès de Rennes en 1990 : un mouvement miné par les incertitudes et les rivalités de personnes. Quand Eric Woerth explique que la contestation sociale contre la réforme des retraites « décélère », Jean-François Copé répond au contraire que la mobilisation a été réelle et qu'il ne faut pas chipoter sur les chiffres. Le conflit avec Xavier Bertrand, le secrétaire national, a pris une nouvelle ampleur. Copé a confié à quelques journalistes, mercredi soir : « Que nos relations avec Xavier Bertrand soient mauvaises, c'est connu de tout le monde. » Il a envie de prendre la présidence de l'UMP. Il l'a dit ouvertement mercredi à Biarritz. En coulisses toujours, un autre député constate que « L'UMP n'émet aucun son. Elle est inaudible. » L'ambiance à l'UMP est délétère.
Le président du groupe UMP à l'Assemblée est également très agacé qu'on s'interroge sur son activité, chèrement rémunérée (20 000 euros pour 3 demi-journées par mois), au sein du cabinet d'avocat d'affaire Gide Lorette. C'est Martin Hirsch, ex-ministre de Sarkozy reconverti, qui a balancé l'information dans son dernier livre. Au passage, il accuse Gérard Longuet, président du groupe UMp au Sénat, d'avoir revendu les collections de timbres spéciaux que la Poste lui a offert pour se faire un petit pécule personnel. On croit rêver...
Même à l'UMP, nombre de députés et sénateurs se sont également exprimés pour des aménagements sérieux de la réforme, vers les chômeurs seniors et les femmes, pénalisées par une durée de cotisation allongée. Certains sarkozystes fidèles répètent la bonne parole. Le carré se resserre : on compte Estrosi, Morano, Besson, Hortefeux, Lellouche, Chatel, Kosciusko-Morizet et Bockel. Ce quarteron de « grognards » de Sarkofrance ne cesse de multiplier les allégeances publiques : Nicolas est la lumière, Nicolas ne se trompe jamais, Nicolas est notre guide. Christian Estrosi, le ministre-maire de Nice a eu cette formule malheureuse, si emblématique d'un clan sarkozyste hors sol et jusque-boutiste : « Sarkozy ne s'est jamais trompé.» Le ridicule ne tue plus depuis longtemps.
Retraite, la réforme perdue de Sarkozy
Jeudi, près de 3 millions de personnes ont manifesté contre la réforme sarkozyenne des retraites. C'était l'évènement de la semaine. La police, sans surprise, a bloqué judicieusement son comptage à ... 997 000 manifestants. Avant même le démarrage des cortèges, les préfectures de Brice Hortefeux publiaient des chiffres de mobilisation ridicules. La désinformation bat son plein. Il fallait, le soir même, faire croire que les Français sont résignés, à défaut d'être favorables à la réforme. Mais Nicolas Sarkozy a perdu un pari : il lui sera difficile de capitaliser sur cette réforme adoptée au forceps, sans concertation véritable, sur fonds de scandales affairistes, de bouclier fiscal et manipulation du calendrier. Il a cependant raison sur un point. La réforme des retraites est très certainement emblématique de son quinquennat : manipulation, désinformation et mépris du débat. On applaudit, et on s'en souviendra.
Dès vendredi, les organisations syndicales annonçaient deux nouvelles journées de protestation, les 2 et 12 octobre prochain. Du débat au Sénat, on n'attend que des modifications à la marge. Eric Woerth l'a confirmé... avant les manifestations : si la question des femmes s'est enfin imposée cette semaine, le ministre du Travail n'a pas l'intention de créer d'exception aux reculs de l'âge de départ (62 ans) et du taux plein (67 ans). Eric Woerth répète que ce n'est pas le sujet de sa réforme. C'est tout le contraire. Les disparités de retraite entre hommes et femmes, aussi bien en termes de niveau de pension que d’âge de liquidation, sont dramatiques. Et la Halde, présidée par une ancienne conseillère municipale UMP a rappelé mardi dernier, que : « S'il n'est pas du seul ressort du système des retraites de corriger toutes les inégalités, il lui revient d'une part de ne pas les aggraver et de garantir l'égalité entre les femmes et les hommes. » Et d'ajouter: « le relèvement progressif de l'âge du départ à taux plein de 65 à 67 ans, risque de pénaliser les femmes plus que les hommes. » Eric Woerth a-t-il seulement lu les recommandations de la Halde, à défaut d'écouter les protestations de toutes part ?
François Fillon, vendredi à Biarritz, voulait s'afficher calme mais obtus : « Dans ce 'non' ferme et tranquille, il n'y a aucun orgueil, parce que je refuse de considérer les manifestants comme des adversaires, il n'y a aucun mépris. Mais je le dis posément, nous conduirons cette réforme jusqu'à son terme.» Avec la même sérénité, le premier ministre justifiait que la fiscalité ne bougerait pas en France. Pas touche au bouclier fiscal - cela pourrait nuire au retour de la croissance, expliquait-il en mars ! - , ni à la taxation de l'épargne ou du capital. Guy Wildenstein est également serein. Liliane Bettencourt, elle régularise sa situation fiscale.Une dizaine de millions d'euros partis à Singapour depuis la Suisse reviendraient en France... incroyable ! Il nous manque encore les autres 70 millions d'euros « déposés » en Suisse...
Et la crise est toujours là
Les nouvelles du front économique sont finalement très mauvaises : le nombre de chômeurs a encore progressé à fin août. Ce mois-là, les « cessations d'inscription pour défaut d'actualisation » ont cru de 10% par rapport à juillet, pour atteindre 210 000. Certains analystes financiers s'attendent à une dégradation qui dure au moins jusqu'à la fin de l'année prochaine. Sarkozy peut serrer les dents. Pire, le nombre de défaillances d'entreprises progressera encore cette année. Un assureur estime l'augmentation à 2 % cette année par rapport à 2009 pour atteindre un niveau record de 65.900. Evidemment, pour Christine Lagarde, « la récession est finie.» Ces nouvelles sont pourtant d'autant plus dramatiques que la rigueur n'a pas encore produit tous ses effets, en France comme ailleurs. Mardi soir, François Baroin, le ministre du Budget, justifiait encore ses prévisions trop optimistes de croissance pour 2011.
Vendredi, Nicolas Sarkozy s'est rendu dans l'Essonne, sur le plateau de Saclay, pour y annoncer la prochaine arrivée « cinq écoles de prestige », comme l'Ecole Centrale de Paris ou l'Ecole normale supérieure de Cachan. Concentrer les grandes écoles sur un même lieu, aux détriments des autres, est l'une des grandes idées du Grand Paris. Son ancien promoteur, Christian Blanc, n'était plus là pour la photo. Il a été viré de son secrétariat d'Etat en juillet dernier, après quelques milliers d'euros de cigares de trop payés sur les comptes de son ministère. 850 millions d'euros de subventions nationales et un milliard d'euros du « Grand Emprunt » ont été prévus pour ce « grand » projet complètement jacobin.
Ami sarkozyste, où es-tu ?
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