C’est une fête permanente en République du Bisounoursland. Comme tout le monde doit aimer son prochain, et que celui-ci est tout divers et multiple de tous les côtés, on multipliera donc, à l’instar des fêtes de Saints jadis, les journées mondiales consacrées à de bruyantes démonstration de cet amour humide et citoyen. Mais il y a cependant des thèmes toujours oubliés…
Quand on consulte la liste des journées mondiales (car une telle liste existe et est… stupéfiante), on constate que moult thèmes sont abordés, que force tendances sont représentées, sauf, bien sûr, les plus extrêmes, et c’est bien normal : une journée internationale du joli meurtre crapuleux serait, on en conviendra, une idée d’assez mauvais goût.
Cependant, si l’on écarte ces extrêmes ridicules, on peut être quelque peu surpris de découvrir que n’existent aucune journée de sensibilisation à des réalités pourtant essentielles. Ainsi, bien qu’on ait droit à une journée mondiale de la mémoire de l’Holocauste, on n’en a pas pour la mémoire de l’Holodomor.
Dans un autre registre, on a bien une sympathique journée mondiale de la forêt, mais bizarrement, aucune journée mondiale des plantes de balcon. C’est quelque peu discriminatoire pour les azalées en pot, non ?
Evidemment, il n’y a pas de Journée Mondiale de la Promotion du Keynésianisme, puisqu’en pratique, c’est un peu ça tous les jours actuellement.
Symétriquement et toutes blagues à part, il n’y a absolument aucune journée mondiale du capitalisme. Or, quand on voit que chaque pays qui en est privé est dans la misère la plus noire, et que dès qu’on laisse les habitants libres de choisir entre le communisme et le libéralisme, ils choisissent, de facto, plutôt le second que le premier, on peut se demander pourquoi on donne autant de place à certaines journées (Journée sans viande, par exemple, Journée Mondiale de la Santé Bucco-Dentaire, etc…) et aucune à ce qui a, très concrètement, sorti de la misère un nombre tous les jours plus grand d’humains…
Oh, je sais que certains, socialistes refoulés qui me lisent (en cachette, hein) tous les jours, vont se dire sous cape que ces propositions sont Tabsolument Skandaleuses, que ce serait Thonteux de jeter ainsi à la face du monde (social-démocrate) de Bisounoursland des slogans aussi provocants, incitant les gens à faire des affaires (plutôt que se cogner dessus, par exemple)…
Mais après tout, quelle différence y a-t-il entre la propagande pro-réchauffisme, pro-sociale-démocratie qu’entretiennent à grand frais les organisations gouvernementales ou non, et les propositions ci-dessus ?
Pourquoi les philosophies qui ont permis l’avènement de tant de progrès pour l’humanité n’auraient pas le droit, entre les Forêts et les Fromages, à leur journée mondiale ?
De la même façon, il est étonnant de ne constater aucunes Journées Mondiales de la Chimie ou de la Physique Nucléaire qui seraient officiellement soutenues par les Nations-Unies ou l’Union Européenne. Pourtant, la première aura permis d’apporter tant de bienfaits qu’il ne serait que justice de lui rendre hommage. Quant à la seconde, la plupart des électrons qui vous permettent de lire ce billet et pour moi de le produire ont été agités, au départ, par des engins issus directement de cette physique qui n’est parée que de vices là où on en dispose à volonté, et que tant de populations souhaiteraient avoir pour bénéficier des considérables améliorations qu’elle apporterait.
Ce deux poids / deux mesures montre, par contraste, la vraie raison de beaucoup de ces Journées Mondiales : faire passer des messages essentiellement politiques dans le domaine de l’action citoyenne désintéressée, alors qu’ils sont tout, sauf. La promotion de la sociale-démocratie, du collectivisme douillet pro-action de groupe et anti-individualisme ne peuvent absolument pas favoriser l’émergence d’un discours qui est, en pratique, aux antipodes de celui qu’on paye chèrement de nos impôts ; eh oui, les thuriféraires de l’état ne vont pas se tirer une balle dans le pied et prôner … moins d’état et plus de responsabilité individuelle.