C'est beaucoup plus simple de compter des manifestants que de, par exemple, dire "je t'aime" à une femme (ou à un homme, c'est selon, et on n'est pas sectaire). Par exemple, pour un président de la République, dire "merde, pauvres cons, excusez-moi, je me suis trompé sur le bouclier fiscal, sur les roms, sur les heures supplémentaires", ben non, ça ne le fait pas. Ca écorche la gueule. Comme dire "pardonne-moi" à une femme qu'on aime et à qui on a fait du mal. Ou comme dire "Je t'aime" à une femme qui vous a fait du mal et à qui on a pardonné. Hmmm, ça devient compliqué, là.
Sauf qu'en politique, c'est simple. On ne dit jamais "Je t'aime", sauf juste avant les élections. On ne demande jamais pardon, jamais, c'est un signe de faiblesse, même quand on s'est vautré, même quand ça ne rime à rien, même quand on est pris la main dans le pot de confiture. On accuse les médias, on se dit "lapidé", alors même qu'une femme va vraiment être lapidée, mourir à coups de pierres dans la gueule. On préfère s'enfoncer dans les sables mouvants de la connerie. Quitte à être enseveli à jamais.
On préfère toujours le mensonge crédible à la vérité incroyable. Un "Je t'aime" rend fragile.
Et puis merde, on n'a jamais gagné une élection avec de l'amour...
François GILLET