Aussi attentif à l’actualité des hyper tensions sociales, que solidaire de nos diverses colères populaires, je ne suis pourtant pas dans la rue aujourd’hui ! Oui, j’écris ces lignes alors que se déroule la manif – si tendue -, à laquelle je n’ai pu me joindre, pour cause d’une tendinite qui me fait cruellement souffrir et boiter.
Survenue en pleine nuit, comme çà, sans explication. De même que (il y a des années) j’ai été victime, sans explication, d’une hyper -tension artérielle qui m’oblige, jusqu’à la fin de mes jours à prendre un p’tit cachet le matin. Puis (depuis cet été), pire peut-être, d’une hyper-tension (sans rapport paraît-il) dans mes yeux, ce qui me rendrait aveugle (‘glaucome’) si, jusqu’à la même fin de mes jours (et nuits !), je ne me glisse pas une p’tite goutte dans chaque œil, le soir.
Ha ! Après la longue tyrannie subie des horaires du boulot, des aller-retour des gosses à l’école, des justes exigences de mes compagnes, etc. – elle était ‘trop belle’ la vie pour un anar devenu enfin solitaire, donc libre de n’avoir nul horaire (je dormais et mangeais vraiment n’importe quand !)… ceci jusqu’aux alertes de mon corps… HYPER-TENSIONS… : pilule le matin et goutte le soir, OBLIGENT : donc, tu régules tout, dodo, bouffe etc. ! Adieu la liberté de batifoler à la recherche des heures fécondes de belle créativité ou de bonne réception de celles des autres, artistes ou pas ! Car j’veux bien crever, mais pas mourir idiot… Brassens le dit bien mieux : ‘Crever pour des idées… d’accord, mais de mort len(-en)te !’
Mais ce n’est pas le sujet de ce billet : cette introduction d’ailleurs prendrait au moins la longueur des introspections de Marcel Proust, dont je n‘ai pas pu lire plus de 4 ou 5 pages (éblouissantes parfois) avant de fermer le bouquin : Non au nombrilisme, nous sommes des êtres sociaux, engagés. Classe contre classe… et là, Marcel, t’es en face !
Il existe, tant mieux, des bourgeois cultivés qui, d’une façon ou d’une autre, font une œuvre utile à tous, Proust dans le dédale de la subtile psychologie, Rodin dans la sculpture, Debussy dans la musique, Saint-John Perse dans le lyrisme poétique, etc.
Il existe, tant pis, des salauds de prolétaires qui sont passés, par exemple des idéaux communistes à la pratique du fascisme, Doriot et Déat en France…, mais on peut citer pire (en pouvoir) et plus récents : Ceausescu, Milosevic… Et bien sûr le pire renégat restera Staline, l’éternel ‘petit père des peuples’ !…
Il existe surtout, partout, toujours, le peuple. Ici, le pouvoir politique sait depuis toujours (sauf brèves exceptions révolutionnaires) le manipuler, tantôt l’unir (UMP : Union de la majorité populaire !!!) ou le diviser (PS : contre les ‘gauchistes’, votez pour moi… et fermez ensuite les yeux sur mes combines avec le ‘centre’, avec la droite ‘modérée’ : retour à la bonne bourgeoisie, qu’on a fait semblant de combattre…)
Il y a encore le pire, l’extrême droite non seulement nostalgique, moindre mal, mais surtout entreprenante, comme un serpent mué circulant dans le peuple et semant son venin ‘populiste’ : l’étranger (hier juif, aujourd’hui arabe…) qui ‘trouble nos valeurs nationales’, etc. Hélas le racisme est toujours latent dans le peuple, difficile à combattre, non seulement du fait de préjugés tenaces (de ‘fiers gaulois’ !) mais du fait de la constante détérioration de nos conditions sociales, surtout.
On connaît l’histoire de Fernand Raynaud sur ‘l’arabe qui vient manger le pain des français… quand il est parti, on n’avait plus de pain : c’était le boulanger !’.
Depuis, bien des humoristes ont continué dans cette veine, avec parfois de rares dérives. Mais, pour l’essentiel, cet humour est sain, toujours à renouveler. Il contribue à l’éducation populaire, à orienter sa nécessaire tension contre la bourgeoisie possédante, au lieu de la laisser se dévoyer dans le dédale du ‘chacun pour soi’ et du ‘tous contre tous’, le truc suprême pour continuer de régner là-haut : en nous divisant ‘en bas’…
Voilà, c’était ma façon à moi de manifester ce jour… d’hyper tension !
PS. ( = post-scriptum, ne pas confondre !)
- J’avais écrit le début de ce billet la veille de cette manif, persuadé ne pouvoir y aller. Finalement, j’ai pu au moins rejoindre, à petits pas, le rassemblement préalable, grandiose. Des amis se sont étonnés que je n’ai pas une nouvelle affiche griffonnée avec des crayons feutres, sur le ventre. L’un d’eux m’a dit : Ben t’es tout nu, aujourd’hui !
Ben non, mais j’ai préféré cette fois, à petits pas, sortir de ma solitude… Puis y retourner, après ce bain de foule, qui est baume sur le cœur, comme l’est la pommade sur la tendinite, après le bain de pied ! (chut, le dites pas aux grandes Zoreilles : on est 3 à monter un complot pour enlever Tsarko bientôt… avec ‘l’arme de l’art’, en connexion subliminale télépathique avec les terroristes de Tarnac, chut !).
Plus sérieusement, j’ai été frappé que, dans les discours, ce qui a été le plus apprécié (applaudi, commenté…) c’est la revendication d’une vraie ‘répartition des richesses’, d’une JUSTICE SOCIALE.
Thème de 1788…