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La Bouche pleine de mots de Camilla GIBB

Publié le 24 septembre 2010 par Melisende
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                                                                              X La Bouche pleine de mots
de Camilla GIBB

(Objectif PAL - 9/123
Défi En Attendant Noël - 258/220)

France Loisirs (Piment),
2003, p. 254
Première Publication : 1999

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                                                                              X Camilla Gibb est une auteure canadienne diplômée en anthropologie. La Bouche pleine de mots (Mouthing the Words) est son premier roman.
D'Autres Livres de Camilla GIBB :
- Les Détails insignifiants d'une vie sans éclat
- - Le Miel d'Harar -

Résumé de quatrième de couverture :
            Une petite fille nous parle. Elle se nomme Thelma et a tantôt la voix de Poil de Carotte, tantôt celle d'Alice au Pays des Merveilles. Elle veut nous révéler un secret, pour s'en débarrasser, pour survivre. Mais existe-t-il des mots qui forcent la vérité à rendre gorge ? Guérit-on jamais d'une enfance saccagée ? Du fond de sa nuit, Thelma appelle au secours. Elle crie que le roi est nu et les grandes personnes capables du pire. Elle accuse, dénonce, pleure mais rit aussi pour conjurer l'angoisse. « Aimez-moi », répète-t-elle, et le lecteur n'y résiste pas.

Avis personnel :

           
La Bouche pleine de mots est un titre qui traîne dans ma bibliothèque depuis sa sortie chez France Loisirs (donc vers 2003/2004). J’avais déjà fait une première lecture à cette époque, il faut dire qu’alors, je n’avais pas la PAL que j’ai maintenant, et que je lisais un titre dès que je l’achetais… Bref. N’en ayant aucun souvenir, je l’avais inscrit dans mon Objectif PAL (oui, un titre lu en plus !) pour me remettre l’histoire en tête (et la découvrir avec plus de maturité) et en faire un billet complet pour mon blog. Pourquoi j’avais acheté ce livre ? Mystère. Les « témoignages » de ce genre, les histoires « vraies » ou basées sur des faits réels ne sont pas du tout mon genre de prédilection et ne l’ont jamais été. Sans doute un achat à faire avant la date fatidique imposée par France Loisirs. Il me semble que j’étais sortie mitigée de ma première lecture, et c’est à nouveau le cas aujourd’hui. La lecture fut difficile, pas tellement à cause de la plume mais surtout en raison du thème ; et c’est le genre de livres qui met le moral à zéro… C’est donc un bilan en demi-teinte que je dresse aujourd’hui, et je n’ai pas plus envie, dorénavant, de découvrir d’autres livres du genre…
            Thelma voit le jour en 1968. Dès sa naissance, sa mère met une barrière entre elle alors que son père semble au contraire, un peu trop proche… Les années passent, ses parents se déchirent, sa mère ferme les yeux sur tout ce qui l’entoure, Thelma subit les jeux pervers de son géniteur. Un petit frère - Willy - vient édulcoré la vie du côté maternel, mais ne change pas grand-chose pour les deux autres. Thelma se réfugie dans un monde parallèle, évoluant avec plusieurs amies imaginaires qui la protègent et l’aident à « survivre ». Après quelques crises à l’école, le père, pour éviter un scandale, déménage et le reste de la famille ne tarde pas à le rejoindre au Canada où la vie semble beaucoup plus débridée… Un couple de voisins hippies qui les accueille complètement nu et deux fillettes imaginatives, voilà le nouvel univers de la petite Thelma. Le couple formé par ses parents implose finalement, la petite fille subit les nouveaux amis de sa mère, est contrainte de voyager - avec son petit frère - avec un routier inconnu pour rejoindre son père dans un snack en ruines pour passer NoëlThelma grandit tant bien que mal, inévitablement traumatisée par les évènements de son enfance, par un environnement sale et dépravé… Suite à l’inceste et au viol, elle doit faire face à une schizophrénie chronique et à une anorexie de plus en plus poussée. Thelma ne veut pas devenir une femme, ne veut pas grandir, ne veut pas avoir ses premières règles… alors pour ça, elle s’affame, ne garde que la peau sur les os… elle voudrait se transformer définitivement en pierre…
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Le contexte de cette histoire est intéressant, les dates et les lieux sont assez « importants ». L’héroïne nait en 1968, elle grandit donc pendant les années 70/80. Ses premières années se déroulent en Angleterre, dans un climat très fermé, très « comme il faut » où l’important est de paraître « normal » aux yeux des voisins et de ne pas faire de vagues dans le quartier. Au contraire, au Canada, Thelma découvre une vie beaucoup libre, elle passe son temps chez ses voisins hippies, sa mère fréquente ensuite des fumeurs de joints qui passe leur temps à exhiber leur corps… Comment se construire une vie « normale » avec un tel environnement, un tel entourage ? On dit souvent que le milieu dans lequel on vit forge notre caractère et façonne notre vie, mais là, ça saute aux yeux ! Thelma fait ensuite plusieurs voyages entre l’Angleterre (où elle suit des études à l’université, notamment) et le Canada et ces deux continents semblent amenés avec eux, deux des personnalités de la jeune femme. Thelma d’un côté (au Canada), et Héroïne de l’autre (en Angleterre). De la petite chambre miteuse qu’elle habite en Angleterre aux hôpitaux psychiatriques, Thelma nous entraîne dans le tourbillon de sa vie, de sa naissance dans une famille étrange, à son entrée dans la vie « d’adulte » avec son travail dans un cabinet d’avocats, ses relations difficiles avec les hommes et les femmes (elle se cherche, tombant amoureuse de tous les êtres qui lui portent un intérêt, même minime !)… c’est parfois difficile de la suivre…
            Le livre n’est pas très épais (et heureusement), car je crois que je n’aurais pas supporté cette sensation de malaise sur plus de pages ! C’est dur, oppressant, dérangeant, démoralisant… et j’en suis arrivée à me dire : « Non, ce n’est pas possible, des vies comme celles-ci, ça ne peut pas exister ! Une famille pareille, un environnement comme celui-ci… Non, c’est trop horrible pour que ça puisse arriver ! ». On suit vraiment la descente aux enfers de Thelma, on est dans sa tête, on sait tout ce qu’elle ressent, tout ce qu’elle pense. « La Bouche pleine de mots »… oui. Thelma a besoin de « vomir » ces mots et franchement, pendant cette lecture, j’aurais bien eu envie de vomir moi aussi… L’inceste, les viols à répétition (pendant ses années à l’université par exemple), l’anorexie, les passages dans les hôpitaux psychiatriques, la schizophrénie (Thelma a des amies imaginaires, notamment une - Héroïne - qui va travailler à sa place dans les dernières années…)… fiou… C’est vraiment trop pour moi. Je suis trop sensible, trop émotive, lire de tels « témoignages », je vous jure, ça me mine ! Alors non, je n’ai pas vraiment aimé pour cette raison, mais à côté de ça, la lecture a « fonctionné » sur moi, puisqu’elle m’a mise très mal à l’aise ; de ce point de vue là, c’est une réussite de la part de l’auteur. Cependant, même si j’ai plaint Thelma tout au long de cette histoire, on ne peut pas non plus dire que je me sois beaucoup attachée à elle. Elle m’a émue parfois, mais pas tant que ça finalement. J’ai espéré qu’elle se sorte de cet enfer, à la fin, mais en fait, son destin ne m’importait pas tellement. Très paradoxal cette lecture !
            En ce qui concerne le style de Camilla Gibb, là aussi, c’est paradoxal. Je n’ai pas adoré, mais je n’ai pas non plus détesté. J’ai trouvé certains passages très « beaux », très émouvants, d’autres par contre m’ont semblé très « nébuleux » et j’ai parfois du relire quelques phrases pour comprendre de quoi il retournait ! Quand Thelma à ses « crises » de schizophrénie, là, c’est encore plus dur à suivre ! Le texte est entièrement à la première personne du singulier, on est constamment dans la tête de l’héroïne, c’est ce qui fait toute la force du texte, mais c’est aussi ce qui « dérange » le plus ! C’est souvent très imagé, parfois « poétique » même, ne serait-ce que dans les titres de chapitres offerts par l’auteure (par exemple : « A bord d’un vaisseau spatial », « Un bonheur de troglodyte »…). En fait, on suit les pensées, les agissements d’une personne « malade », presque d’une personne sous l’emprise de drogues… alors les divagations s’expliquent…
            J’ai tenté de faire quelques recherches sur le net, pour voir s’il s’agissait d’une histoire « vraie », d’une « autobiographie », mais je ne crois pas (et heureusement pour l’auteure !). Je ne sais pas si je tenterai un autre livre de Camilla Gibb, mais il faut avouer qu’elle a réussi, avec celui-ci, à me mettre mal à l’aise et que son style mérite peut-être qu’on la suive… A voir ! Les Petits [ + ] :Camilla Gibb a réussi son pari : elle met son lecteur très mal à l’aise avec cette lecture dérangeante, oppressante… Un témoignage à la première personne du singulier, on suit les pensées et les agissements de l’héroïne, comme si on était à sa place, c’est d’autant plus « fort » ! Une plume qui offre des moments « beaux », c’est souvent imagé et poétique. Le texte est court, les chapitres brefs… l’ensemble se lit vite mais pas sans dommages !
Les Petits [ - ] : Une lecture très dure, oppressante, dérangeante… et qui met le moral à zéro ! La schizophrénie de Thelma entraîne des passages assez « nébuleux », on se demande si elle « rêve », ou si ça se passe vraiment… Même si j’ai parfois plaint l’héroïne, je ne me suis jamais vraiment attachée à elle, j’ai gardé mes distances. Un titre qui ne me réconcilie pas avec le genre des « histoires vraies », des « témoignages » ; trop dur pour ma sensibilité !

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