"Pachacamac, Pachahuac, Viracocha...".Ainsi psalmodient les prêtres du Soleil lorsqu'il s'avancent en frappant les tambours sur l'esplanade où sont dressés les trois poteaux où Tintin, le Capitaine Haddock et le Professeur Tournesol attendent d'être brûlés vifs pur avoir commis le sacrilège de pénétrer dans l'enceinte du temple du Soleil.
Ainsi ai-je entendu pour la première fois parler de la civilisation des Incas et de l'art précolombien.
Et, effectivement, Hergé avait rudement bien étudié le sujet car l'exposition qui nous est donnée à voir à la Pinacothèque, nous plonge dans cet univers extraordinaire, en des temps qui remontent à plusieurs siècles avant l'ère chrétienne, car les Incas ne furent que les derniers à subir le choc fatal des colonisateurs espagnols.
Les Incas ont dominé les Andes durant un siècle (1400-1533). Lorsqu’ils s’installent dans la région de Cuzco au XIIIème siècle, dix civilisations s’y sont déjà succédées. Les Incas sont donc les héritiers de traditions sophistiquées élaborées pendant plus de 3000 ans.
Ici, en haut à gauche, un masque d'or de culture Sicán (800-1350 apr. J.-C.)Musée archéologique national Brüning, Lambayeque © Photo : Joaquín Rubio Roach.
Considéré comme la « sueur » du soleil, divinité suprême du panthéon animiste inca, l’or est étroitement associé au rituel religieux.L’empereur inca étant l’incarnation humaine du soleil, l’or est également central dans la représentation du pouvoir. C’est un outil de différenciation sociale pour l’élite et un élément indispensable du trousseau funéraire du défunt. Il se décline en une grande variété d’objets, tous présents dans l’exposition: couronne, diadème, boucles d’oreilles, ornement nasal, épingle, vaisselle rituelle, pectoral, collier, figurine ou ornement.
Jean-Baptiste m'accompagnait mercredi pour cette visite. Lui aussi a lu "Le Temple du Soleil", mais il sait aujourd'hui comment se déroulaient les rites, à quoi servaient ces paires de gobelets d'or identiques, remplis du sang des jeunes guerriers sacrifiés pour que la terre soit féconde, en un pays d'accès difficile où on n'avait pas découvert la roue, où la terre était charriée à dos d'hommes en une multitude de terrasses. Ce qui touche, c'est la simplicité de cet art, d'une grande unité à travers le temps. Les sculptures sur or, argent, alliages, les tissus, les superbes céramiques anthropomorphes, les parures.Certains bijoux seraient tout à fait à la mode aujourd'hui. J'en admirai un, justement, un collier d'améthystes, tout à fait portable.En fait, on oublie très vite la richesse du matériau pour ne voir que la beauté de l'objet, son équilibre, sa cohérence.
Comme toujours aussi, à la Pinacothèque, un effort d'explications très efficace. Je me suis un peu sentie perdue dans le repérage des périodes et des temps intermédiaires, mais qu'importe, la plupart des objets sont tout à fait exceptionnels.
L'or des Incas, exposition jusqu'au 6 février, à la Pinacothèque de Paris 28, place de la Madeleine. 10€.