J’avoue, je craignais d’aller voir cette exposition. Le souvenir de tristes expositions ethnologiques m’arrêtait. Pourtant, je connais la Maison Rouge où j’ai vu des œuvres très intéressantes, où je suis toujours surpris par les installations, et dont la disposition des lieux eux-mêmes me plait. Je suis donc allé voir les coiffes de la collection d’Antoine de Galbert. Et je n’ai pas le sentiment d’avoir vu des témoignages du passé, de ce passé qui n’est pas le mien et auquel j’accèderais par pure curiosité. Il est vrai que j’avais visité les galeries partenaires du Parcours des mondes et l’exposition de Phet Cheng Suor.
Ici, trois vêtements m’accueillent à l’entrée de la salle principale : l’un truffé de miroirs, l’autre tissé de cheveux, le troisième hérissé de piquants de porc-épic. Des vêtements de chasseurs. Ces vêtements permettent une approche du savoir-faire des créateurs dont nous allons voir les coiffes.
Il faut s’attendre à faire le tour du monde, à découvrir l’ingéniosité qui préside à la fabrication de ces couvre-chefs faits de diverses matières, végétales, animales, métalliques, à en approcher la destination (moments de la vie sociale, personnelle, apparat, reconnaissance…). Il y a un aspect défilé de mode, tant les détails sont preuve d’imagination. Mais il y a plus que la séduction ou le pouvoir dans les coiffes présentées.
Les coiffes ont une double fonction : celle de protection et celle de lien avec le ciel. Couvrir sa tête, c’est en effet toucher le ciel au-dessus de sa tête, chercher à établir le contact avec les esprits qui nous dominent. Les séduire ou les tenir à distance. Protéger simplement de la pluie, c’est déjà établir une relation avec la pluie. Mais, ce trait d’union entre la terre et le ciel ne peut s’imaginer que dans une relation avec tout ce qui vit sur terre, dans l'eau ou dans le ciel. Ainsi, les coiffes vont s’orner de becs et de plumes d’oiseaux, de coquillages, de crânes de singes, de représentations de tigres ou d’éléphants… Aux cheveux des humains, on ajoute des poils d’animaux pour s’en fortifier.L’exposition est annoncée comme un «voyage dans ma tête», un voyage immobile. J’en sors avec le sentiment d’avoir traversé des champs de forces et d’avoir un instant côtoyé la beauté.
L'exposition est visible jusqu'au 26 septembre, au 10 bd de la Bastille Paris 12e.
photos : Etienne Pottier