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Partir au bout du monde. Tout quitter. Apprendre à s’aimer pour aimer à nouveau. Voilà le pari de Liz Gilbert, dans un tour du monde en triptyque axé autour de trois quêtes : celle du plaisir, de la dévotion, et de l’équilibre entre les deux. Là où le bouquin de Gilbert possédait un ton enlevé et une volonté de s’approcher au plus près de la recherche spirituelle d’une femme fraîchement divorcée, profondément paumée, le film- lui- s’éloigne un peu des traumas du personnage, passant un peu trop rapidement sur les difficultés pour l’héroïne de s’essayer à la méditation et à l’affrontement entre ses différents sois. Emmenée par Julia Roberts, toujours épatante, l’adaptation s’attache à retranscrire les sensations décrites dans le livre en images, prouvant au passage l’hardiesse et la difficulté du projet. Et même s’il ne parvient jamais à égaler l’humour et la réussite du livre, Murphy a pour lui une immense sincérité et un désir de bien faire : ce plat de pâtes dégusté au son d’un air d’opéra italien, cette course effrénée en taxi dans une Inde colorée, ces ballades à vélo dans un Bali paradisiaque, tout a des allures des cartes postales hollywoodiennes mais respire à plein nez l’essentiel : la transcription d’une volonté admirable, celle de profiter de l’instant- portée par des vagues d’optimisme et, aussi, le sourire de Roberts. L’ensemble caresse dans le sens du poil, évite les sujets qui fâchent, croule sous les happy end et la facilité, mais demeure, grâce à son féminisme latent et son positivisme bienvenu, étrangement convaincant.