Chaque jeudi, Glacenews vous propose un nouveau rendez-vous : Echos du Palet. Où il sera question de hockey, bien sûr, abordé sous des angles variés, avec des problématiques sociales, économiques, psychologiques, sportives, etc.
Aujourd'hui, deuxième et dernier volet sur le sommet de Toronto, analysé par la France. Luc Tardif explique quels enseignements en tirer. le président de la FFHG évoque également les conséquences pour la France du changement de formule des prochains Mondiaux dès 2012.
Guillemette Flamein : pourquoi avez-vous participé au sommet de Toronto ?
Luc Tardif : c'est tout d'abord une première pour le hockey mondial. Ensuite, nous y sommes allés pour finaliser les accords avec le Canada dans la perspective de la venue de l'équipe qui rencontrera la France, le 24 avril, à Paris, au Palais omnisports de Bercy.
Nous avons également pu faire des réunions de travail pour régler les matches de préparation avec nos voisins européens, tels l'Italie et la Slovénie. Ce séjour a été riche en discussions et en enseignements dans différents domaines.
G. F. : qu'est-ce qui a retenu votre intérêt ?
L. T. : tout d'abord l'exposé du docteur Steve Norris, directeur en physiologie et en stratégie du sport. Il a parlé des aptitudes des jeunes âges de 8 à 13 ans à retenir et à emmagasiner des informations.
Il a expliqué que c'est à cet âge-là qu'ils sont les plus réceptifs et que ce temps d'apprentissage doit être encadré par les meilleurs entraîneurs qui soient. Il a également insisté sur la croissance des jeunes à cet âge pouvant engendrer de grandes différences de morphologie.
D'où l'importance pour nous de bien prendre en compte ce facteur de croissance et de ne pas faire de sélection à l'emporte-pièce car chaque jeune grandit à son rythme. Son exposé nous a apporté des bases scientifiques pour sensibiliser les clubs à mettre au service des 8-13 ans des cadres très qualifiés afin de leur offrir la meilleure formation possible.
G. F. : concernant les jeunes, ont été abordées les lacunes du développement des programmes de l'élite junior. De nombreux jeunes souhaitent tenter leur chance à l'étranger pour s'aguerrir. Qu'est-il ressorti de cet atelier ?
L. T. : il y a eu en effet beaucoup de discussions sur les transferts internationaux. Des responsables tchèques et slovaques nous ont présenté un exposé sur les dégâts causés par le départ de leurs jeunes joueurs au Canada. Ils ont fait des statistiques qui montrent clairement que ces joueurs ont très peu de réussite en NHL par rapport à ceux qui sont restés au pays et ont été formés jusqu'à un certain âge, qui ont beaucoup plus de réussite !
Cette migration provoque également des dégâts sur le niveau du hockey tchèque et slovaque. Le Canada a le même problème avec les jeunes qui partent aux Etats-Unis.
Cela nous a fait réfléchir sur la migration des jeunes à l'intérieur de la France. On peut en effet faire le même parallèle. Combien, de ceux qui partent dans les pôles, en Suisse ou au Canada, arrivent en Magnus ? Ce n'est pas forcément un gage de réussite !
Pourquoi Pierre-Edouard Bellemare ou Laurent Meunier réussissent ? C'est parce qu'ils sont partis en ayant déjà acquis de très bonnes bases. Cela vaut la peine d'étudier ça de près avec beaucoup de lucidité.
G. F. : de quelles initiatives présentées au sommet de Toronto pourriez-vous vous inspirer ?
L. T. : nous avons constaté que les grandes nations avaient également des soucis dans ce domaine. Pour la simple et bonne raison que le hockey sur glace dans ces pays-là est fortement concurrencé par le baseball, le basket et le football américain. Même les grandes nations sont soumises à des règles de compétitivité dans ce domaine !
Les Etats-Unis, par exemple, ont développé une politique de communication tournée vers les jeunes en ciblant les parents. Une véritable opération séduction avec toute une série d'affiches et d'autres moyens dont nous pouvons, nous en France, nous inspirer, ce que nous avons déjà commencé à faire avec le kit "Communication " pour les clubs. A la différence qu'ils ont un budget "Com'" qui correspond au budget global de la fédération !
G. F. : moins d'un mois plus tard, a été voté au congrès semi-annuel de l'IIHF le changement de formule concernant les tours préliminaires des Mondiaux pour 2012. Quelles conséquences pour la France ?
L. T. : c'est une très bonne nouvelle. Depuis 3-4 ans, les grande snations poussent pour réduire le nombre de nations participantes à 12 au lieu de 16 afin de diminuer la durée des championnats du monde. Cette modification permet d'une part de sécuriser à long terme le groupe A et d'autre part, de faire en sorte que la logique sportive soit plus respectée.
Cela signifie que l'équipe de France disputera plus de matches de haut niveau - 7 au lieu de 3 -. Cette multiplication de rencontres intéressantes ne peut qu'être bénéfique à l'équipe en général et à nos jeunes, en particulier.
G. F. : de quelle manière cela influera-t-il sur le maintien des Bleus dans le groupe A ?
L. T. : cela va rendre la tâche plus difficile car tous les matches seront importants. Tous compteront. Cela veut dire aussi une préparation différente pour l'équipe de France et qu'il faudra certainement aussi en tenir compte dans le championnat...
G.F. : d'un point de vue sportif, en quoi ce changement est-il une avancée ?
L. T. : la Finlande et la Suède en seront l'exemple en 2012 et en 2013. Ce changement laisse présager d'une co-organisation possible. Et ça, je l'ai bien en tête. Organiser seul les Mondiaux, en avoir les capacités financières, ce n'est pas simple pour un pays comme le nôtre.
En revanche, cela ouvre les portes à une co-organisation avec un autre pays. Pourquoi pas la France et l'Allemagne ?
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