Fresque historique d’espionnage, La Rumeur du Vent (Nankin 1942) / Feng Sheng (2009) de Chen Kuo-fu également connu sous le titre anglais The Message narre les évènements sanglants qui touchent certains hommes de pouvoir en Chine contrôlés par l’occupant Japonais. Le colonel Takeda se met en mission d’arrêter les terroristes communistes. Persuadé qu’une taupe se cache au sein de son service, il fait venir cinq suspects sous un faux prétexte. Ces derniers se rendent dans un manoir qui va rapidement devenir une prison dont ils ne pourront partir qu’une fois le traître démasqué…
Immense succès en Chine… La Rumeur du Vent… doit-on en avoir peur ? Je ne dis pas que le public chinois a mauvais goût mais presque. Parce qu’il faut bien l’avouer, les spectateurs chinois ne sont pas bien différents du «grand public » qu’on retrouve un peu partout, de chez nous aux Etats-Unis. Les films commerciaux à grand renfort de matraquage marketing marchent la plupart du temps, ces films à gros budgets labellisés « blockbuster ». Et chanceux que l’on est, La Rumeur du Vent fait partie de cet acabit-là. La production chinoise, surtout celle de film qui se donne les moyens, celle destiné au box office a compris ce qui marchait chez la grande majorité du public. Du coup, on y retrouve inexorablement les rouages du film marqueté comme il se doit. Les moyens sont donc mis en place. Le casting est là. Un réalisateur respectueux des règles à suivre sans y insuffler quelconque personnalité. Une histoire à suspense où se dégage une certaine tension et notamment des scènes « chocs » mais pas trop, le film se doit de rester « grand public ». Et puis, on y ajoute un petit rebondissement finale avec la musique qui aime les envolées « grand spectacle » pour nous donner le petit frisson et la petite larme au coin de l’œil.
La Rumeur du Vent n’est pas un bon film. Tout juste moyen. Comme souvent dans ces productions (et pas qu’elles d’ailleurs) nous sommes assommés par des longueurs qui plombent l’intrigue. Au lieu de condenser son sujet, d’en faire une œuvre quasi-suffocante où l’on sentirait la pression du huit clos que le scénario nous offre, nous avons droit aux sempiternelles parlotes superflues, explications évidentes, scènes de remplissage et j’en passe. La mise en scène est fatigante. On retrouve les éternels mouvement de caméra très aériens aux bruitages de reportage d’émission de télévision et ce côté tape à l’œil des grosses productions actuelles. Il faut montrer qu’on a de l’argent ! semble dire le réalisateur qui ne marquera pas par son nom. On l’oubliera vite parce qu’il sera tout aussi vite remplacé par un autre qui reproduira à l’identique les ingrédients du formatage filmique.
Bien que La Rumeur du Vent souffre de tout un tas de défaut, il faut bien avouer qu’il existe en lui quelques points positifs. Les acteurs s’en sortent bien. L’histoire bien que décousue (les longueurs toujours) notamment dans la seconde partie, trop longue dans la troisième se révèle assez prenante. L’idée du huit clos est fort bien pensé. Il est juste dommage que le film n’est pas pris à un moment une autre direction. Il est juste dommage que la tension ne soit pas mieux distillée. Il y avait matière à faire et malheureusement pour nous (parce que l’ennui pointe souvent), le réalisateur n’est pas assez tranchant. Il y avait tout de même de bonnes idées : le morse comme moyen de communication entre « terroriste communiste » (mais dont les messages sont mises en scène de manière horrible), les scènes de tortures (bien trop soft quel dommage !) ou bien encore les décors qui sont réussis (l’avantage d’avoir le budget qui va avec).
La Rumeur du Vent est une production qui se laisse regarder sans plus d’attrait que cela. Elle parvient à accrocher son spectateur tout en l’égarant par ses fautes de choix. Elle n’est pas un film inoubliable et encore moins un film incontournable. C’est en gros le film qu’on a déjà vu X fois, juste fait pour faire de l’argent, mais au nouveau royaume de l’argent-roi relatant les grandes heures de la lutte communiste (pour ne pas parler de propagande, j’entends déjà poindre ceux qui qualifieront cela de critique facile), vous me direz… c’est bien normal, non ? Sarcasme lorsque tu nous tiens…
I.D.
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