Magazine Politique

Les conditions de travail plutôt que le temps de travail...

Publié le 23 septembre 2010 par Lheretique

Tous les derniers combats de la gauche sur le travail, depuis trente ans, se sont concentrés sur le temps de travail plutôt que sa qualité.

Quand j'analyse les motifs pour lesquels les Français s'arc-boutent sur la retraite à 60 ans, je vois que c'est surtout la pénibilité de leur travail qui les pousse.

En réalité, presque tous les emplois deviennent les uns après les autres pénibles parce que le stress, la compétition, l'agressivité ont envahi toute la sphère de l'emploi. Concurrence pour trouver un emploi à 25 ans, concurrence pour en garder un à 50 ans, menaces de délocalisation, course à la performance, dévalorisation dans la fonction publique, la liste des maux qui menacent l'exercice même du travail serait longue à établir. Les suicides en entreprise, impensables il y a encore 20 ans se multiplient, désormais ; et la sphère du privée n'est pas la seule touchée. Des cas diplomatiquement tus touchent aussi la fonction publique.

C'est le sentiment de ne pas pouvoir durer qui plus que tout affole, sans doute à juste titre, ceux qui voient avec effroi leur durée de travail à nouveau s'allonger.

La question de fond, et je la partage avec Théodore Zeldin, que Karim-Émile Bitar interrogeait dans son Regards sur la France en 2006, c'est la signification de la valeur travail dans nos sociétés modernes.

Pourquoi les Socialistes ont-ils mis en place les 35 heures ? Au prix d'un reniement des valeurs fondamentales du socialisme, et notamment l'idée que le travail émancipait l'être humain. 35 heures parce que le travail c'est dur. Alors oui, si l'on travaille 35 heures, ce sera encore plus dur, mais cela ne sera que 35 heures ; c'est toujours cela de gagné. Voilà qui en dit long sur l'état de la valeur travail dans l'opinion.

Les syndicats avaient obtenu des choses intéressantes, dans de nombreux secteurs : comités d'entreprise, aides financières de l'entreprise, statuts, solidarités diverses dont il ne reste rien, au final.

Voilà un point sur lequel je suis radicalement en désaccord avec Hashtable et Aurélien, le Président du Parti Libéral-Démocrate, par exemple. Aurélien en particulier reproche à la CGT de gérer les loisirs et les vacances des salariés d'EDF. Eh bien la CGT a bien raison, et elle devrait faire de l'idée de la priver de cet avantage un casus belli. Ceci ne l'exonère évidemment pas de publier des comptes corrects, mais le principe d'une inter-pénétration harmonieuse entre vie privée et vie professionnelle via les Comités d'entreprise est loin d'être une idée idiote, quand bien même elle aurait un coût.

Google est l'exemple même de l'entreprise rêvée pour ceux qu'elle emploie : des horaires aménagés, une grande liberté, des avantages considérables, et, au final...l'envie d'y passer toujours plus de temps.

Le monde du travail ne devrait pas se résumer à un "chacun pour sa pomme" et "crève ou marche".

Seulement, pour réinventer un modèle solidaire de vie professionnelle, il y a un chemin très long qu'une société aussi individualiste que la société française a bien du mal à emprunter...

Il faut enfin se réhabituer à l'idée que le bonheur et le travail ne sont pas nécessairement antinomiques. Il reste alors à poser les fondations d'un système ou l'emploi ne vire pas au cauchemar pour les Français...


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lheretique 7494 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines