Lors du gala de remise du prix, où les dix artistes en nomination s’étaient succédé pour jouer sur scène l’annonce tant attendue, Karkwa a créé la surprise en prenant de court les critiques s’étant mouillés en tentant de prédire l’identité des gagnants. Le groupe n’était effectivement pas pressenti pour remporter la palme puisqu’il se mesurait à de très grosses pointures de la musique indépendante canadienne, dont Broken Social Scene et Tegan and Sara, ainsi qu’à deux lauréats des éditions précédentes, Caribou et Owen Pallett.
C’est que Karkwa n’était pas, du moins avant lundi dernier, connu des anglophones au Canada. La formation, qui a quatre albums à son actif est cependant un incontournable de la musique francophone et s’est même produite à plusieurs reprises en Europe.
Les réactions que l’on pouvait lire sur Twitter quelques instants après l’annonce de leur victoire étaient assez évocatrices de cette réalité. De nombreux utilisateurs anglophones avouaient n’avoir aucune idée qui étaient ces Québécois, qui venaient de devancer les autres artistes au fil d’arrivée, à la surprise générale.
Il fallait s’attendre à ce que le jury fasse un coup d’éclat encore une fois. À chaque année, les artistes les plus populaires et favoris du public et des critiques sont laissés de côté. Comme l’année dernière, alors que la formation hardcore expérimentale Fucked Up avait doublé notamment K’naan, Metric et Malajube pour se mériter le prix, associé à une bourse de 20 000$, à une reconnaissance indéniable et donnant un bon coup de pouce côté carrière.
Si le Polaris est tant respecté dans le milieu, c’est qu’il n’est pas de la même nature que bien d’autres récompenses et prix canadiens. Alors que les Juno, l’équivalent canadien aux Grammy Awards américains, ne sont pas dissociés des ventes d’albums, le prix Polaris est remis à l’album ayant le plus de mérite artistique, peu importe sa popularité auprès des masses.
Un jury composé de plus de 200 diffuseurs, journalistes et blogueurs dresse d’abord une liste des quarante meilleurs albums canadiens de l’année. Un grand jury de 11 personnes est par la suite sélectionné. Ce sont ces personnes qui se rencontrent à huis clos en septembre pour désigner le grand gagnant, dont le nom reste inconnu jusqu’à la toute dernière seconde.
Pendant que les téméraires commencent déjà à se prononcer sur les albums ayant une bonne chance de se retrouver sous le feu des projecteurs du prix Polaris l’année prochaine, Karkwa se prépare à retourner en Europe, avec un arrêt prévu à l’Ancienne Belgique le 23 octobre prochain.
Karkwa sur le web :
karkwa.com
myspace.com/karkwaArticle de Pascal Raiche-Nogue, Frontstage, le blog poprock du Soir (BELGIQUE)Collaboration spéciale avecle49.ca