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L'escalier et le palais abandonnes

Publié le 23 septembre 2010 par Venetiamicio
L'ESCALIER ET LE PALAIS ABANDONNESdessin 1980©Ange Mozziconacci...Je crois les sortilèges de Venise difficiles à définir, à capter : on les subit, on y succombe sans être même conscient. C'est un sentiment d'irréalité proche des fantasmes et du rêve qui crée les enchantements, les mythes, les séductions de Venise...(Fernand Braudel In "Venise" 1984)
L'ESCALIER ET LE PALAIS ABANDONNESl'envers du décor©VenetiaMicio

L'ESCALIER ET LE PALAIS ABANDONNES ©VenetiaMicio
Un jour j'ai vu une photo de cette petite cour, de cet escalier envahi par les mauvaises herbes. Comment un tel lieu existait à Venise, sans qu'une seule fois, je l'aperçoive ?
D'ailleurs, il me semblait tellement iréel, existait-il vraiment ? Ne vous arrive-t-il pas d'avoir cette sensation bizarre d'être passé(e) de l'autre côté du miroir ? Seulement cette fois-ci, nous sommes passés réellement de l'autre côté, puisque ceci est l'envers d'un palais très connu : la Ca'Da Mosto. ***Je ne compte plus le nombre de fois que mes yeux se sont portés, longuement sur sa façade délabrée, détaillant son architecture magnifique, et admirant la demeure du navigateur Alvise Cadamosto, du XIIIe siècle, de style néo-byzantin, à la fois habitation et entrepôts.Maintenant, après avoir situé le lieu, il ne me reste plus qu'à le découvrir lors d'une prochaine visite.Je ne compte plus le nombre de fois que je suis passée dans ce coin. Mon regard était toujours absorbé par un petit détail affectif. Lorsque j'arrivais sur le pont S.S. Apostoli, je levais les yeux vers un balcon du palazzo Falier où chaque soir je voyais un épagneul , le museau appuyé sur le rebord de la fenêtre, les yeux mi-clos, surveillant mine de rien, le va-et-vient de la foule qui s'engouffrait sous le sotoportego...Automatiquement, ensuite je suivais le flot qui tournait vers la gauche, sans jamais prêter attention à cette petite calle qui ressemblait plutôt à une impasse.Au mois de mai, en fin d'après-midi, entre l'orage qui menaçait à nouveau et avant que la nuit ne tombe, je décidais de prendre le traghetto pour aller faire un tour dans mon rêve.Lorsque l'on pénètre dans la calle, il est difficile de s'imaginer quoique ce soit, puis subitement l'escalier surgit et occupe le champ de vision.Comme j'aimerais remonter le temps et découvrir les images d'une autre époque, comme cellesqui se déroulaient entre le 16e et le 18e s., lorsque le palais devint une célèbre auberge à l'enseigne du "Il Leon Bianco". La demeure fut surélevée de deux étages.Je m'imagine la petite cour, où se pressaient tous les personnages illustres de la cité lagunaire, vivante et colorée.
***J'ose espérer que les portiques au rez-de-chaussée dit "pieds dans l'eau" donnant accès au canal et au piano mobile, que les longues galeries percées de baies aux arcs brisés en accolade, la façade aux décorations marmoréennes byzantines, patères, bas-reliefs et frises pourront retrouver un jour leur beauté d'antan et que la petite cour et sa montée au ciel (et non sa descente aux enfers) toute sa joie et ses couleurs !

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