Proust n'était pas si sérieux qu'il ne soit déplacé de rire gentiment de quelques-unes de ses impayables marottes (Morand, qui le connut, y excellait : il savait remarquablement l'imiter, voix et gestes compris). Cela n'est point, pour autant, se moquer de lui. Plutôt rire avec lui, comme lui-même, après tout, de bien d'autres, fût-ce à travers ses personnages, des porte-voix : les saillies innocentes de Françoise, l'adorable cuisinière ! Et ces portraits marqués au coin de l'ironie la plus vacharde, celui de Bergotte (réplique imaginaire d'Anatole France tant révéré d'abord par le petit Marcel avant d'être frappé de disgrâce par le narrateur de La Recherche, condition de l'élaboration du grand oeuvre). Deux preuves, à titre d'exemples, que la lecture du roman n'est pas si fastidieuse que d'aucuns s'obstinent encore à le penser, par mimétisme ou paresse. Au contraire. Avec ce petit livre paru initialement chez 10/18 et repris ces jours-ci par les éditions J'ai lu, Alain de Botton fournit d'ailleurs à ceux qui n'auraient pas encore osé franchir le pas toutes les raisons de passer outre à leurs préjugés. Conçu comme un précis à l'usage du plus grand nombre, cet essai survole la plupart des aspects de La Recherche, en montrant avec humour comment des faits anodins, enracinés dans le quotidien du génie, viendront à nourrir son chef-d'oeuvre. Rien de bien original, certes. Depuis en particulier le gigantesque Proust de Jean-Yves Tadié (Gallimard), nous savions plus ou moins tout ça. Sans oublier le prédécesseur, bien que contesté, George D. Painter. Mais peu importe. Le but d'Alain de Botton n'était pas de rivaliser avec ces maîtres augustes. Mais de prouver, à sa manière, que Proust peut être lu en définitive par tout le monde. Voici donc un livre drôle, léger, impertinent, un rien provocateur, et qui dit, entre les lignes, ceci : il n'est pas impossible qu'A la recherche du temps perdu bouleverse votre existence. Et de fournir mine de rien une poignée de clés qui, nous l'espérons, en aideront plus d'un à tenter l'aventure. Ce serait bien.
Proust n'était pas si sérieux qu'il ne soit déplacé de rire gentiment de quelques-unes de ses impayables marottes (Morand, qui le connut, y excellait : il savait remarquablement l'imiter, voix et gestes compris). Cela n'est point, pour autant, se moquer de lui. Plutôt rire avec lui, comme lui-même, après tout, de bien d'autres, fût-ce à travers ses personnages, des porte-voix : les saillies innocentes de Françoise, l'adorable cuisinière ! Et ces portraits marqués au coin de l'ironie la plus vacharde, celui de Bergotte (réplique imaginaire d'Anatole France tant révéré d'abord par le petit Marcel avant d'être frappé de disgrâce par le narrateur de La Recherche, condition de l'élaboration du grand oeuvre). Deux preuves, à titre d'exemples, que la lecture du roman n'est pas si fastidieuse que d'aucuns s'obstinent encore à le penser, par mimétisme ou paresse. Au contraire. Avec ce petit livre paru initialement chez 10/18 et repris ces jours-ci par les éditions J'ai lu, Alain de Botton fournit d'ailleurs à ceux qui n'auraient pas encore osé franchir le pas toutes les raisons de passer outre à leurs préjugés. Conçu comme un précis à l'usage du plus grand nombre, cet essai survole la plupart des aspects de La Recherche, en montrant avec humour comment des faits anodins, enracinés dans le quotidien du génie, viendront à nourrir son chef-d'oeuvre. Rien de bien original, certes. Depuis en particulier le gigantesque Proust de Jean-Yves Tadié (Gallimard), nous savions plus ou moins tout ça. Sans oublier le prédécesseur, bien que contesté, George D. Painter. Mais peu importe. Le but d'Alain de Botton n'était pas de rivaliser avec ces maîtres augustes. Mais de prouver, à sa manière, que Proust peut être lu en définitive par tout le monde. Voici donc un livre drôle, léger, impertinent, un rien provocateur, et qui dit, entre les lignes, ceci : il n'est pas impossible qu'A la recherche du temps perdu bouleverse votre existence. Et de fournir mine de rien une poignée de clés qui, nous l'espérons, en aideront plus d'un à tenter l'aventure. Ce serait bien.