L’exposition Rodney Graham dans l’annexe art contemporain du Kunstmuseum de Bâle (qui finit dans quelques jours, le 26 septembre) est une rétrospective assez complète des travaux de l’artiste, que j’ai hélas visitée un peu trop vite. On y retrouve d’abord ses vidéos essentielles : Corruscating Cinnamon Granules (sur une plaque chauffante électrique en spirale, des grains de cannelle se consument dans un éclat visuel et sonore; le film est projeté dans une cabane, avec, à l’extérieur, les volutes de la pellicule), Rheinmetall Victoria 8 (la neige/farine tombe sur une machine à écrire, avec toujours un énorme projecteur), Halcion Sleep (endormi à l’arrière d’une voiture, le paysage se déroulant comme sur un écran), et quelques autres à découvrir (Lobbing Potatoes at a Gong, par exemple).
Rodney Graham se met en scène dans ses photographies, en artiste peintre (The Gifted Amateur, ci-dessous) ou en trompette (Artist’s Model Posing for “The Old Buggler”), questionnant le rôle et la place de l’artiste. La grande photographie (ci-contre) de l’Allégorie de la Folie (Study for an Equestrian Monument in the Form of a Wind Vane), basée sur un tableau d’Erasme par Holbein, le montre sur un cheval mécanique, assis en sens inverse, vers la queue.Mais ce que j’ai découvert ici (et que le Jeu de Paume n’avait guère montré), c’est son travail autour du texte, du livre : révisions, modifications,
caches, reliures, placement dans des boîtes à la Donald Judd, reconstruction de la dernière nouvelle d’Edgar Poe (The System of Landor’s Cottage) ou revisite de La Véranda de Melville. Son travail sur la traduction, où douze chapitres d’un livre de Mark Twain sont traduits de l’anglais au français, puis du français à l’anglais par douze agences de traduction différentes (My Only Novel Translated from the French), est aussi une réflexion sur l’auteur et le langage. Dans la même veine, son travail musical autour de Parsifal, joue sur la répétition et la fugue.L’exposition, qui était précédemment à Barcelone au MACBA, sera du 22 octobre au 30 janvier, à la Kunsthalle de Hambourg. Voyage à l’invitation du Kunstmuseum. Photo 1 courtoisie du musée, photos 2 et 3 de l’auteur.