The Karate Kid - (++)
C'est parfois - souvent même - des films dont on attend le moins que l'on reçoit le plus. J'ignore totalement à quoi pouvait bien ressembler le film de John G. Avildsen, mais je parie que ce remake de Harald Zwart n'a pas à en rougir. Basé sur l'éternelle mais passionnante histoire du papillon qui émerge doucement mais sûrement de sa chrysalide malgré l'adversité, The Karate Kid semblait pourtant, de prime abord, ne rien recouvrir d'autre que ce qu'il paraît être: un film financé par les Smith dans le but de lancer la carrière de leur enfant prodige, Jaden, tout en s'appuyant sur une recette qui a déjà fait ses preuves par le passé. Un pari gagnant d'avance en somme, agrémenté de tout ce qui, aujourd'hui encore, parle à toutes les générations. Car le concept, réactualisé, continue, des années après, de faire mouche. Le récit de ce périple initiatique d'un jeune immigré noir-américain à Pekin, rapidement pris en grippe par un groupe belliqueux de disciples d'un maître kung-fu jusqu'au-boutiste, est éloquent pour tout un chacun, en ce qu'il aborde les thèmes évocateurs de l'exclusion, de l'isolement, du choc des cultures et du mal du pays, le tout adjuvé d'une histoire personnelle chahutée (l'absence d'un père). Très vite, alors que sa mise en place laisse quelque peu dubitatif, le film affirme son essence profonde: celle d'une oeuvre sincère, forte, sur le dépassement de soi, sur l'acceptation des épreuves de la vie, le tout sur fond de rédemption. Car tandis que le gamin rieur des states s'affirme et opère sa transformation, le maître kung fu qu'il n'attendait pas, lui, retrouve un sens à sa vie. Et c'est bel et bien cet aspect du film qui en fait un véritable petit bijou: cette amitié improbable entre le jeune Dre Parker et Mr Han, homme à tout faire au passé torturé, qui va les transfigurer, les faire repousser leurs limites, et entrevoir un avenir apaisé. Véritable révélation du film, Jaden Smith donne de sa petite personne, vaillant petit soldat au service d'une histoire qui prend aux tripes, passionne et interpelle. Tour à tour touchant et cabotin, le gamin impressionne par sa maturité teintée de cette innocente toute juvénile, et par sa prouesse physique exemplaire, tant il paraît évident qu'il a dû en baver. Mais, à mes yeux, la vraie bonne surprise, c'est Jackie Chan, qui trouve dans la composition de ce personnage sobre et torturé, le plus beau rôle de sa carrière. Impressionnant de charisme et de sagesse nipponne, il dévoile une facette de son talent jusqu'ici insoupçonnée, releguant ses habitudes bondissantes d'autrefois au placard, au profit d'un jeu tout en délicatesse et en retenue. Une prestation véritablement émouvante qui, j'espère, se trouvera renouvellée dans le futur...
En bref: un conte initiatique aux ressorts vieux comme le monde, qui trouve ici un souffle profondément humain, empreint de sincérité, et fichtrement galvanisant. Un méga coup de coeur, tant pour son scénario inspiré et ses séquences de coaching épatantes, que pour la performance brillante de ses interprètes (même si Taraji P. Henson est un cran en-dessous par rapport à Benjamin Button) et la musique vibrante de James Horner. Un immanquable.
*2h19 - américain, chinois - by Harald Zwart - 2010
*Cast: Jaden Smith, Jackie Chan, Taraji P. Henson, Wen Wen Han, Zhenwei Wang, Rongguang Yu...