1137. Parmi les 701 romans et 200 essais de cette rentrée littéraire, il y a deux livres très attendus Une Forme de Vie d'Amélie Nothomb et le roman que je viens de terminer de Michel Houellebecq. C'est mon premier et il me donne envie de lire ses premiers bouquins depuis Extension du Domaine de la Lutte à La Possibilité d'une Île en passant par Les Particules Elémentaires. C'est un roman brillant, linéaire, bien construit et agréable à lire. J'ai fait durer le plaisir en le dégustant avec parcimonie comme du petit lait ou plutôt du Lagavulin en ce qui me concerne. L'action se situe dans le milieu artistique à travers trois personnages principaux, le héros de l'histoire l'artiste Jed Mardin, son père et Michel Houellebecq lui-même. Tels Hergé ou Alfred Hitchcock qui apparaissaient de manière fugace dans leurs bandes dessinées et films, Houellebecq se met carrément en scène et dans le foisonnement de détails qu'il livre de sa vie, il serait intéressant de savoir ce qui relève de la fiction et ce qui a la couleur de la vérité. Même s'il se perd dans des digressions et des circonvolutions multiples, il ne perd jamais son lecteur et le ramène par la main sur le fil ténu du récit. Après un long épisode de présentation des protagonistes de 269 pages, il dévie vers le thriller policier avec l'arrivée du Commissaire Jasselin de la brigade criminelle. Cela redonne un coup de boost au roman puisque jusqu'alors spectateurs passifs de la vie qui s'écoule, nous nous perdons en conjectures multiples sur l'identité du mystérieux tueur en série qui a fait une nouvelle victime en la personne de ... il faut lire le roman !
Parmi les moments forts, Jean-Pierre Pernault fait une réception somptueuse ayant pour thème les régions de France dans son hôtel particulier, Frédéric Beigbeder y fait des apparitions comme le jet-setteur du tout-Paris. Chaque personnage qui met un bout de doigt de pied dans l'une des pages se voit décortiqué depuis sa vocation jusqu'à son métier actuel. C'est un roman qui parle beaucoup sur les métiers à l'instar des portraits de Ted Martin dont les prix s'envolent sur le marché de l'art : l'artiste, l'architecte, le commissaire, le galeriste, l'attachée de presse et bien sûr l'écrivain.
Le titre renvoie à une réflexion de l'auteur qui dit : "La carte est plus importante que le territoire" lorsque Ted Martin expose ses clichés des cartes Michelin des régions de France.
En bref j'ai bien aimé et je vous le conseille. De plus il est favori pour le Goncourt dont le prix 2010 sera décerné le 8 novembre 2010.
"La Carte et le Territoire" de Michel Houellebecq aux éditions Flammarion 432 pages et 22€