Ah ! Comment vais-je vous narrer mes douleurs,
J'ai passé dans ce bagne, ancien, ruiné.
Sa devise « Ni filles à voir, ni eau à boire »
La nuit, le froid et l'effroi des râles funèbres
Faisaient taire les psalmodies des condamnés
A Mort qui préfèrent réciter dans les ténèbres.
Des cris résonnaient en écho de ces damnés.
Ah! Quels cauchemars que ces nuits à Barberousse,
Le plafond et les murs suintaient l'humidité.
La nuit, l'effroi et le froid, de ces psaumes rigides,
Nous glaçaient le corps et nous donnaient la frousse....
On attendait quatre heures pour connaître le voulu,
Le énième condamné à mort barbu
Sous les cris stridents des bagnards détenus.
On dormait à même le sol, une couverture......
Pour s'couvrir et une autre à s'la mettre au sol
serrés les uns aux autres; de la seule ouverture
servant à nos besoins, des rats jouaient du sol.
Dans l'indifférence totale des détenus,
Pensaient beaucoup plus à leur position dodue,
Ne se reposant point, mais rendait l'échine fourchue.
Je me souviendrai toute ma vie de ces nuits,
Où aucun détenu ne fermait les yeux
Jusqu'à la lueur du matin louant Dieu
D'avoir pu résister à autant de bruits.
On empilait nos bagages pour en faire un banc
Et s'asseoir dessus en attendant cette sirène
Glaciale qui signifiait la fouille et le silence
Le matin, les lourdes clés faisaient entendre,
leurs cliquetis morbides, libérant les cendres,
D'une haine macabre de ces hommes pour défendre
Leur dignité perdue et rêver de s'pendre.
On entendait des matricules et des « oui »,
Et la fouilles générale nus qui s'ensuivit
On courrait tous pour la douche au jet de pompier.
Je me souviendrai toujours de Barberousse,
De ces vils matons, sur leur visage la frousse.
Le mitard est réservé pour les récidivistes,
Qui se croient des machos même en geôle,
Mais qui ressortent bien aplatventriste ,
Où l'on entre bien vivant, souvent à tort....
Et l'on sort, toujours dans un cercueil, mort ......
LEBSIR Lyamine