Seul avec son instrument, le chanteur et guitariste malien, Lobi Traoré, avait enregistré, avant sa disparition soudaine en juin 2010, les morceaux de ce nouvel album intitulé Rainy Season Blues.
Loin d'avoir la notoriété internationale et la stature de son compatriote Ali Farka Touré - qui produisit tout de même son second album Bamako en 1994 -, cette figure respectée de la scène malienne avait posé quelques pierres fondamentales à l'édifice du blues africain.
Les disques Segou puis Duga ont indéniablement contribué à faire connaître cette musique au-delà de son continent. Le musicien et producteur américain Chris Eckman, impliqué dans le développement de la carrière du groupe touareg Tamikrest, finit par trouver Lobi en 2008.
Quand le guitariste natif de la région de Ségou lui remet l'année suivante une cassette sur laquelle figurent quelques maquettes artisanales, Eckman réserve aussitôt le Studio Bogolan, impressionné par ce qu'il entend. Arrivé tôt, le Malien enchaîne les morceaux, sans se lever de sa chaise pendant quatre heures !
Le résultat, intitulé Rainy Season Blues, restitue au mieux cette intensité dans la simplicité. La sensation de proximité est telle que l'on croit Lobi juste là, assis dans un coin du canapé, penché sur sa guitare, en train de jouer sans se préoccuper de ce qui se passe autour, animé par ses seules émotions qui guident sa voix et ses doigts sur les cordes.
Quelques titres ont déjà eu des vies antérieures, comme Djougouya Magni, paru sur son projet The Lobi Traoré Group en 2005. Sur ces dix morceaux, le bluesman tutoie les sommets du genre.
Un moment forcément unique, hors du temps, durant lequel l'homme et la guitare ne font qu'un. Le jour où eut lieu la longue et prolifique session d'enregistrement, Lobi a enchaîné avec cinq heures de musique afin d'assurer l'animation d'un mariage. Et le soir, vers minuit, il commençait un troisième marathon dans un club de la ville, jusqu'aux premières lueurs matinales.