Sarkozy : début de la fin ou fin du début ?

Publié le 23 septembre 2010 par Hmoreigne

Et si finalement le journaliste Thomas Legrand avait raison en affirmant à l’égard de Nicolas Sarkozy que “Ce n’est rien qu’un Président qui nous fait perdre notre temps ” ? Analyse invesre au PS où l’on joue la dramatisation en évoquant une menace pour la République. Le pompon revient à Edwy Plenel (Mediapart) qui invite à faire échec dés à présent, sans attendre 2012, à un pouvoir qualifié de “dangereux”.

Cette nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites est emblématique du mode de gouvernance de Nicolas Sarkozy. Cliver, opposer, pour s’imposer. Reste à savoir qui peut sortir vainqueur de ce choc des légitimités que notre président affecte tant.

Légitimité de son élection au suffrage universelle, incontestable, contre légitimité de la démocratie sociale contrainte de s’exprimer dans la rue à défaut de s’exercer normalement par le biais des organisations syndicales avec le pouvoir.

Nicolas Sarkozy joue avec la peur et aime à nous faire peur. La ficelle est aussi grosse qu’efficace. Peur du chômage, des attentats, de la retraite. Peur de la vie tout simplement à travers un triple sentiment d’insécurité physique, sociale et économique. La peur est malheureusement conseillère et a souvent conduit l’humanité à renier les valeurs qui font sa spécificité. Sa capacité d’empathie et d’entraide notamment.

Etrange moment que celui que nous traversons, dont nous nous demandons s’il sera l’histoire ou simplement une parenthèse de celle-ci. Le sarkozysme sera-t-il une simple baudruche vouée à se dégonfler en 2012 ou bien à éclater d’elle-même un peu avant dans un destin digne des fables de La Fontaine ?

A l’opposé, si l’on considère la menace comme sérieuse, peut-il être ce point où tout bascule, où les digues démocratiques cèdent et conduisent au pire ? Tout dépendra en fait de 2012, de ce rendez-vous crucial qui constituera un stop ou encore. Dans une page qui se tourne ou, dans un blanc-seing à aller plus loin dans le travail de sape des fondations de la République.

A cet égard, l’opposition a une lourde responsabilité dans la construction d’une alternative crédible. François Hollande a bien posé le problème quand il appelle la gauche à ne pas se limiter à  pointer la république abîmée mais, à accélérer la préparation de l’alternative.

Donner trop d’importance au Chef de l’Etat en déclarant en boucle qu’il constitue une menace grave contribue à le renforcer et ne détourne pas de son camp une majorité silencieuse. Ayons confiance dans nos institutions. Le roi est nu et lui seul ne le sait pas.

Nicolas Sarkozy a déjà perdu la bataille de l’opinion. Le locataire de l’Elysée incarne à son corps défendant le sentiment d’injustice. Il suinte par tous les pores le bling bling, l’affairisme et le favoritisme.

Dans les colonnes du quotidien Helvétique Le Temps, le sociologue Denis Muzet estime que la crise a mis la question de l’injustice au cœur de la société et que celle-ci constituera le cœur du débat en 2012.

Premier rayon de soleil dans le crépuscule de la présidence Sarkozy, le flop de la sordide manœuvre autour des Roms. La France pourtant soigneusement labourée par Hortefeux et Besson n’adhère pas dans sa majorité à la chasse aux boucs émissaires. L’Elysée n’a pas réussi à substituer à la thématique des injustices celle des insécurités. Sauf à considérer que la première insécurité, c’est Nicolas Sarkozy lui-même.

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