Qui q’ c’est-y le «collabo» ? De Liliane Bettencourt, de tous les multimilliardaires du COUAC/40, du Medef ? Méprisable valet à gilet rayé de l’ultralibéralisme. Quelques naïfs pensaient qu’il jetterait un peu de lest sur la retraite des femmes dont surtout celles qui avaient élevé au moins 3 enfants : la plupart du temps, l’on sait bien ce que cela veut dire en termes d’interruptions de carrière… Mon cul ! Il s’en tape le haricot, le Woerth. Pour ceux qui aurait encore des illusions, les seules femmes qui l’intéressent vivent à Neuilly ou dans le XVIe arrondissement et elles “crachent au bassinet” des généreux donateurs de l’UMP. Peu lui chaut le sort des ouvrières et des employées.
L’offensive contre les retraites des mères de famille ne date pas d’aujourd’hui ! J’ai la chance d’avoir non seulement de la mémoire mais aussi des archives. Il faut remonter au 12 août 2009 Les mères pourraient partir plus tard à la retraite (20 minutes). Ballon d’essai lancé par Xavier Darcos, patelin ministre du Travail et néanmoins crypto-suppôt de la droite extrême.
Bien forcé d’ensuite rétropédaler à la vitesse grand V comme en témoigne cet article du Monde (21 septembre 2009) Retraite : les avantages des mères de famille “sauvegardés”. Mais j’ t’en fiche… Ce n’était que reculer pour mieux sauter. Un an après quasi jour pour jour.
Je ne fus donc nullement surprise en découvrant ce titre du Figaro (20 septembre 2010) Retraite des mères de famille: Woerth ne veut rien modifier. Arquebouté sur sa réforme. Je rappellerais que c’est à l’occasion précisément des questions sur la retraite des femmes qu’il avait osé traiter la député socialiste Catherine Coutelle de «collabo» ! Mais j’eus ensuite la surprise de lire sur Libération le 21 septembre 2010 que cette interview donnée au Parisien avait fait l’objet de deux versions ! L’interview de Woerth retouchée : «La version du Parisien, ce matin, et celle transmise à l’AFP, dès lundi soir, ne correspondent pas exactement. Un classique de l’entretien politique. Mais qui a remanié le texte: le cabinet du ministre ou l’Elysée ?». J’avoue que ces interviews retouchées m’ont toujours défrisé le poil : c’est dans la première mouture que se dévoile l’intention de l’interviewé !
Ainsi, dans la première version il se contentait d’un laconique «ce n’est pas le sujet» quant au maintien de la retraite à taux plein pour les femmes, réponse qui aurait ensuite disparu. Mais le plus fort porte sur la retraite des personnes handicapées, il semble bien plus disposé à prendre leur sort en compte dans la version revue et corrigée : «Le président de la République souhaite augmenter le nombre de personnes handicapées pouvant bénéficier d’un régime de départ anticipé à la retraite. Nous allons nous y atteler». Bof ! Bof ! encore une belle citerne de lait d’beu ! Ils sont tous tellement menteurs.
Woerth qui a l’insigne culot de proposer une rencontre avec les syndicats ! Il est bien temps… et de prétendre que «dans cette affaire, ils ont été plus responsables que le monde politique». C’est sans doute pour cela qu’ils seront tous dans la rue (avec les organisations politiques de gauche) le 24 septembre 2010 ! Aussi ridicule et mal venu que Xavier Bertrand, chef de l’UMP proposant un débat sur les retraites à l’opposition. Refusé à juste titre ! On ne discute pas avec des gens qui vous apportent un projet tout ficelé dont ils ne veulent rien changer et qui ne cherchent qu’à vous enc…
La meilleure preuve ? Je lis sur Libération du 21 septembre 2010 Retraites des mères de trois enfants : l’ambiguïté de Woerth que Chantal Brunel, pourtant député UMP ! qui déplore que «les femmes sont oubliées de cette réforme» avait déposé un amendement «visant à maintenir à 65 ans l’âge de la retraite à taux plein pour les mères d’au moins deux enfants adopté en commission des finances de l’Assemblée nationale grâce aux voix du PS, du Nouveau Centre et des villepinistes mais rejeté par la commission des affaires sociales». No comment.
Eric Woërth met-il de l’eau dans son vin quand il déclare que «Nous devons aller au bout du débat sur l’égalité hommes-femmes face à la retraite» et qu’il promet «des amendements soit du gouvernement, soit de la majorité sénatoriale» pour assouplir le passage à 67 ans à taux plein pour les mères de trois enfants ? Nous verrons bien ce qui ressortira du Sénat en ayant garde d’oublier que c’est l’Assemblée nationale qui a le dernier mot si aucun accord n’est trouvé en Commission mixte paritaire… Les plus ultra acharnés à retirer la dernière pierre des «chantiers de la démolition sociale» gagneront-ils in fine ?
D’autant que Woerth botte allègrement en touche s’agissant de l’égalité entre hommes et femmes : il affirme que «la vraie question est celle des inégalités salariales»… Cela s’appelle pousser une porte ouverte ! Et depuis si longtemps que la question est sur le tapis sans qu’on y ait changé le moindre iota qu’il est peu probable que la grande majorité des femmes qui prendront leur retraite d’ici le début des années 2020 connaissent quelque amélioration de revenus. C’est hic et nunc que les femmes qui travaillent cumulent les handicaps et Eric Woerth nous promet : “demain on rase gratis” ! Comme en témoigne le titre de l’article de Luc Peillon dans Libération (22 sept 2010) L’irrésistible inéga-lité salariale : «Même à carrière égale, les écarts restent de l’ordre de 7 à 10%».
Dans une série d’articles du même jour déclinés sur le sujet Retraites : les femmes piégées par leur carrière Luc Peillon donne une analyse complète des maux qui handicapent les femmes notamment quand elles valident leurs droits à la retraite : outre l’inégalité salariale, elles sont confrontées à La faille du temps partiel «Souvent subi et peu payé, le travail réduit est à 80% féminin» ce que nous savions évidemment depuis longtemps mais ne semble pas déranger Eric Woerth ! Tant que ce n’est pas de la carrière de sa femme qu’il s’agit et dont il semble s’être beaucoup soucié, hein !
Et enfin, Le frein des parcours hachés : «Chaque pause dans la vie professionnelle diminue le salaire». Car il faut ajouter aux congés maternités qui grâce à la réforme Fillon de 2003 ne sont plus comptés comme du temps travaillé, “les interruptions ou réduction du temps de travail pour élever les enfants passent de 16% au premier enfant, à 31% au deuxième à 54 % au troisième enfant”. Ce n’était donc que justice de prévoir deux annuités de retraite supplémentaires par enfant élevé… Disposition rayée d’un trait de plume rageur par Eric Woerth.
Pas plus que Nicolas Sarkozy - bon petit valet du Medef - qui n’en veut pas démordre, il ne saurait être question pour Eric Woerth de revenir sur l’âge de 67 ans pour avoir le droit de percevoir une retraite à taux plein : «Le passage à 67 ans est essentiel au financement de notre système» ajoutant avec l’hypocrisie qu’on lui connaît : «s’il y a des injustices il faudra les corriger» mais sans toucher ni à la retraite à 62 ans ni aux 67 ans ! Je rappellerais qu’avant 1983 la retraite à taux plein était perçue à 65 ans. L’on nous propose donc aujourd’hui une sacrée régression sociale.
Financement de leur système ? Mon cul ! Ils comptent bien dans quelques années mettre une dernière pelletée de terre sur feu le régime des retraites par répartition. C’est juste pour donner encore plus de pépètes aux Liliane Bettencourt de France et de Navarre par le jeu – notamment – du bouclier fiscal. Nous autres, femmes ou hommes, salariés et retraités normaux, nous pouvons bien crever la bouche ouverte. Peu leur en chaut.
Tout ce qui importe aujourd’hui à Eric Woerth, c’est d’être maintenu dans le prochain gouvernement. Il avance deux raisons : «La première est que je considère qu’il n’y a pas d'’affaire Woerth’ (…) On a beau depuis quatre mois salir mon nom et celui de ma famille, j’ai ma conscience pour moi»… Il a tellement menti à tous propos que sa conscience doit être une belle dentelle ! «La seconde raison est que je bénéficie du soutien du président de la République»… Argument tautologique s’il en est : «Le vice appuyé sur le bras du crime» ! (Chateaubriand)… Je crois plus sûrement qu’Eric Woerth considère qu’il «le vaut bien»…