Peuple des nuages,
inaccessible et qui passe,
qui s’en va.
Ils naissent à l’horizon,
au-dessus de la mer.
Ils apparaissent par magie,
comme s’ils n’avaient jamais cessé d’exister.
Je les regarde et je sens au fond de moi
quelque chose de doux et de léger qui gonfle,
qui traverse mon corps.
Je sens sur la peau de mon visage
les taches claires et sombres qui bougent.
C’est en regardant les nuages qu’on devine le bonheur.
On ne possède plus rien,
mais on est abandonné, et on vole.
Mouvement de balancier de la mer,
frémissant des feuilles des arbres,
mouvement des pluies et reptation de l’eau des fleuves,
il y a tout cela dans le simple passage des nuages.
(J.M.G. Le Clézio)