Essai - Edition Calmann Levy - 336 pages - 18 €
Parution : 8 septembre 2010
Rentrée littéraire 2010
Résumé : la fin de son périple autour du monde qu'elle relata dans Mange, Prie, Aime, Elizabeth Gilbert s'éprenait de
Felipe, citoyen australien natif du Brésil. Ils se jurèrent fidélité, mais, échaudés par des séparations douloureuses, se promirent de ne jamais convoler en justes noces. Le Ciel, ou plutôt
l'immigration amérricaine, en décida autrement : le couple serait obligé d'envisager une union officielle afin que Felipe puisse remettre les pieds aux États-Unis.
"Condamnée" à se marier, Elizabeth Gilbert résolut de juguler sa peur de l'institution en s'y intéressant de plus près. Pendant près
d'un an, et tout en parcourant l'Asie du Sud-Est avec son compagnon dans l'attente d'un visa en règle, elle se consacra à l'étude de ce sujet. Mes alliances est le fruit des reflexions
d'une femme qui a cherché à se réconcilier avec l'idée du mariage.
Tentateur : service presse Calmann Levy
Fournisseur : Le même !
Mon humble avis : Elizabeth a un sacré talent, celui de captiver totalement son lecteur avec des sujets qui, à la longue pourraient s’avérer soporifiques. Comme le mariage en effraie plus d’un, ce livre qui lui est consacré, ne rebutera pourtant personne !Vous êtes : célibataires, jeunes mariées, avec ou sans enfant, veuves, mariée depuis 50 ans, féministe, antiféministe, femme, homme, fiancée, concubin, paxée, inconditionnel du mariage ou complètement contre cette institution, amoureux, divorcée, futur divorcé, homosexuel ou hétérosexuel, macho ou homme au foyer, femme d’affaire ou à la maison, futur remarié, ce livre est pour vous (donc pour tout le monde, vous êtes d’accord, car ma liste de « statuts matrimoniaux » vous englobe forcément non ?)
Vous vous posez moult questions sur le mariage (et le couple par extension) ou au contraire, vous pensez tout savoir sur le sujet, ce livre est aussi pour vous. Vous y trouverez des questions que vous ne cherchiez pas et des réponses que vous n’espériez plus ! Pour tout dire, ce livre pourra avoir différents résultats sur vous : il pourra vous conforter dans vos idées ou au contraire les bouleverser. Il vous fera comprendre bien des choses que vous considérez comme incompréhensibles, que ce soit dans votre sphère très privée ou dans la sociologie mondiale.
Mes Alliances ne fait pas dans le prosélytisme. Ce livre ne vous dira pas « Marriez vous » ou « Surtout, ne vous marriez pas ». Elizabeth Gilbert s’appuie ici sur une multitude d’études sociologiques ou historiques sur le sujet (Etudes certainement assez rébarbatives à lire, mais qui résumées et expliquées par la plume de notre auteur, deviennent limpides, intéressantes et parfois très drôles.) Mais Elizabeth ne s’arrête pas ces statistiques ou autre. Elle veut comprendre. Elle interroge ses amies, sa mère, sa grand-mère, des vietnamiennes de tribus isolées, des laotiennes. Elle observe et écoute. Et elle s’interroge elle-même aussi dans sa propre histoire. Un premier mariage/divorce catastrophiques. Un « plus jamais » qui se transforme en « je suis bien obligée ». Felipe, son amoureux rencontré à Bali dans « Mange, prie, aime », passeport Australien et naissance Brésilienne, ne peux plus entrer aux USA. Il a « trop abusé » des visas légaux de 90 jours. Alors, la seule solution est « la bague au doigt ». Mais… C’est sans compter sur les lenteurs de l’administration et de l’immigration américaine, surtout depuis 2001… Ce qui laisse à Elizabeth Gilbert presque une année pour mener à bien « son étude » et se préparer à ne pas subir un nouvel échec. 331 pages captivantes et très intéressantes qui ne se répètent jamais.
Au hasard des pages, j’y ai appris…. Que l’on est bien manipulé…
Par exemple, au premier temps de l’Ere Chrétienne, les premiers pères de l’Eglise (De Jésus à notamment St Paul et ainsi de suite) prônaient le célibat (la pureté) et dédaignait le mariage, « cette affaire matérielle et quelque peu répugnante qui concernait le sexe, les femmes, les impôts et la propriété et n’avait rien à voir avec les plus hautes préoccupations divines ». Cela a duré une dizaine de siècles… Alors le lien sacré du mariage, ahahaha !
C’est au moyen âge que ce lien « sacré » est apparu. En effet, à cette époque là, l’Eglise dirige un peu le monde… Et impose donc de que chaque mariage passe devant elle, histoire de surveiller que les mariages soient bien en adéquation avec les avantages géopolitiques et financiers de l’Eglise et l’équilibre du monde.
Jusqu’au 19ème siècle, le mariage est systématiquement arrangé pour réunir ou protéger des fortunes, des terres, du sang, des titres… Ce n’est qu’à cette époque que les sentiments s’immiscent dans l’institution et qu’ainsi nait le divorce. En fait, ce qui tue le mariage, ce sont les sentiments !
Dans certaines tribus reculées d’Asie par exemple, on compte très peu de divorces, voire pas du tout. Pourquoi ? Parce que femmes et hommes n’espèrent pas le bonheur de leur mariage. Ils attendent juste « qu’il soit un bon époux » ou « qu’elle soit une bonne épouse ».
Enfin, ils s’avèrent aussi que les femmes célibataires sont très utiles à la société et non à montrer du doigt comme elles le sont souvent. Indépendantes, elles produisent puisqu’elles travaillent. Mais là n’est pas leur plus grande gloire. Elles sont, je dirais « réservistes ». En cas de soucis, de crises, de décès, de guerres… Elles sont là et disponibles… Pour prendre soin des enfants des autres ou pour soutenir leur tribu ou la société.
Enfin, de tout temps, l’Homme a voulu se marier. Ce sont les Etats et l’Eglise qui, faute de parvenir à décourager les bonnes volontés, ont pris cette union sous leur coupe, pour la maîtriser et y mettre des lois, bref, en faire une institution.
Bon, je m’arrête là, sous peine de recopier le livre en entier tant il est intéressant. « Mes alliances » rempli parfaitement le rôle premier d’un livre : informer et interroger ! Alors précipitez vous chez votre libraire et aussi…. Bientôt au cinéma !
Une adaptation ciné de « Mange, prie, aime », avec Julia Roberts, sort sur les écrans prochainement (octobre ou novembre).