L’histoire de Ribéry et consorts vient nous le rappeler : ces messieurs ont souvent recours à des prostituées. De la simple passe à moins de 50 euros au Bois de Boulogne à la soirée avec une escort-girl de luxe facturée plusieurs milliers d’euros, on voit que le marché est étoffé et, pour parler en termes crus, va du « bas de gamme » au « haut de gamme ». A cause du caractère souvent confidentiel de cette activité, il existe peu de statistiques sur la prostitution. En 2001, on estimait que la prostitution dans le monde représentait un chiffre d’affaires compris entre 5 et 7 milliards de dollars. Concernant la clientèle, plusieurs études ont évalué entre 15 et 20 % le pourcentage d’hommes qui avaient recours occasionnellement à des prostituées et entre 3 et 5 % ceux qui y avaient recours régulièrement. Pour ce qui est de l’argent, en moyenne un proxénète toucherait un peu plus de 100.000 euros par an par prostituée d’après Interpol. Les prostituées victimes de réseaux mafieux gagnent très peu d’argent étant donné que les proxénètes s’accaparent une commission souvent supérieure à 70% des revenus. Dans le cas d’escort-girls indépendantes, le revenu mensuel est souvent supérieur à 5,000 euros et peut monter à plusieurs dizaines de milliers d’euros pour les plus demandées (notamment la fameuse Zahia…).
Même aux Pays-Bas où la prostitution est légalisée et où l’on parle de « travailleurs du sexe », les chiffres restent opaques. On parle de revenus d’environ 1 milliard d’euros pour l’industrie du sexe dans ce pays connu pour sa politique de légalisation de la prostitution et de la drogue. De Wallen, le « red-light district » de la capitale Amsterdam reste une attraction touristique majeure où l’on se rend à la tombée de la nuit. Mais tout n’est pas rose chez nos amis Oranje. La légalisation de la prostitution a permis au début de réduire l’influence des réseaux mafieux mais ceux-ci sont revenus en force. L’écrasante majorité des prostituées vient d’Europe de l’Est voire d’Afrique ; les prostituées néerlandaises représentent une faible proportion. Le maire d’Amsterdam, Job Cohen, a annoncé fin 2008 son intention de fermer 400 vitrines où les prostituées seraient utilisées par des réseaux clandestins et sa volonté de réduire la taille du quartier rouge.
La Coupe du monde 2010 représente un événement unique pour l’industrie du sexe avec près de 500,000 spectateurs attendus. Si l’on assiste à un afflux de prostituées venant de pays pauvres aux alentours de l’Afrique du Sud (Zimbabwe, Lesotho, …), nombreuses sont celles qui viennent d’Europe et qui vont s’installer dans des petits studios ou des chambres d’hôtels pendant toute la durée de la compétition. Le gouvernement sud-africain, conscient de la situation, va distribuer près d’un milliard de préservatifs dans un pays où le SIDA fait encore des ravages. Il envisage même de tolérer la prostitution durant cette période, estimant qu’il sera impossible de contrôler toute l’activité de la prostitution. Déjà lors de la Coupe du monde 2006 en Allemagne, les autorités avaient installé des « performance boxes », des petites cabines avec lit situées à proximité des stades. Avec 3 millions de touristes, l’événement avait vu l’apogée de la prostitution en Allemagne. En tout, près de 40,000 prostituées étaient présentes au cours du mondial.
La prostitution est donc un marché toujours aussi lucratif pour ceux qui en tirent les ficèles. Alors que la prostitution illégale semble prendre définitivement le pas sur la prostitution légale, il est temps de s’interroger sur l’efficacité des moyens mis en œuvre pour lutter contre des réseaux mafieux qui ne cessent de se développer.
Arnaud Bavelier