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Le premier mot, de Vassilis Alexakis

Publié le 22 septembre 2010 par Onarretetout

lepremiermotUn homme meurt. Il était professeur de littérature comparée, d’origine grecque (comme l’auteur de ce livre), et quelques jours avant de mourir il dit à sa sœur qu’il aimerait connaître le premier mot de l’humanité. Elle va accepter la mission ainsi confiée et partir à sa recherche. Ce roman n’en est pas vraiment un. Il relate des débats à propos de l’évolution de l’homme, nous y rencontrons des vivants (par exemple Jean-Pierre Changeux dans un ascenseur) et des morts. C’est une enquête qui nous mène à l’origine des langues, de la station debout, qui nous informe des premières migrations, quand l’homo erectus, venu d’Afrique, s’est installé en Asie, puis quand l’homo sapiens, venu lui aussi d’Afrique mais un peu plus tard, s’est arrêté en Europe.

J’ai retrouvé dans ce livre certains propos lus dans le livre d’Alex Taylor, Bouche bée tout ouïe. S’il est question des langues, il me paraît normal qu’on y lise les échanges, les emprunts réciproques. Ici, la quête dépasse le simple constat et aborde également des questions politiques contemporaines, et notamment la politique française (« Je ne comprends pas le français de Sarkozy, il s’exprime dans un idiome totalement étranger pour moi », dit Bouvier, un vieux chercheur français et ami du frère défunt).

J’avais constaté, avec un livre de Cormac Mc Carthy, qu’en avançant en âge l’auteur n’arrivait pas à imaginer que le monde puisse continuer après lui et qu’il écrivait donc sur la fin du monde. Jean d’Ormesson publie, en cette rentrée, un livre annoncé comme un roman, mais qui semble plutôt, comme celui de Vassilis Alexakis, un essai, intitulé C'est une chose étrange à la fin que le monde. La fin proche provoque la littérature.

Miltiadis, ce frère dont le prénom commence par la lettre m (« Les prénoms qui ont pour initiale m sont particulièrement attachants, vous ne trouvez pas ? »), sentant sa fin prochaine, se tourne vers le début. L’alphabet grec a l’Alpha (Α) et l’Omega (Ω). « L’oméga est la serrure d’une porte qui ne mène nulle part ». Il vaut mieux donc se tourner vers l’alpha. Est-ce cette voyelle, le premier mot de l’humanité ? Cri de surprise, de joie, de peur ?

C’est dans un Musée que se termine l’enquête, celui de St Germain en Laye. L’occasion pour l’auteur de rassembler ses découvertes ethnologiques, paléoanthropologiques, linguistiques, de la même manière que des gens différents se rassemblent autour d’un proche qui vient de mourir («ce n’est jamais une seule personne qui meurt»), et d’ouvrir un autre chapitre à écrire ensemble : « Le langage est une création collective. »


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