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Faustian : poème Un mot

Par Illusionperdu @IllusionPerdu

Mon beau Ion,

Viens près de moi.

Cela fait longtemps que ta voix ne parcoure plus l'espace...

Pourtant c'est elle qui t'a guéri.

Ne vois-tu pas que je m'ennuie,

N'ai-je pas l'air malade moi aussi?

On ne chante plus Homère...

C'est toi qui en est le dernier dépositaire.

Par chance, si tu me chantes un morceau,

Les larmes couleront sur ton visage, tes joues

Deviendront tout rouge, et ton coeur diffusera

Ton sang jusqu'aux extrémités.

Ion! Est-ce une faveur divine que cette folie?

Souvent il t'arrive de pleurer,

Alors que tu n'as qu'un misérable bout de papier dans tes mains.

Et qui peut bien être Homer pour toi? Ou Achille?

Et moi, ne suis-je pas le spectateur qu'il te faut?

-Cher Faustian,

Je suis toujours près de toi, mais tu oublies...

Le coeur est toujours caché aux sens.

Peut-être que ma voix ou le français

n'est pas adéquat pour Homère?

C'est pour guérir que je chantais alors,

Et non pour divertir l'ennui des paresseux.

Si je préfère me taire, c'est qu'il est gênant

D'être le dernier dépositaire du passé.

En effet, apprendre à mourir n'est pas

Ce qu'un sot peut connaître ;

C'est pourquoi ton air malade ne m'inquiète pas.

Par malheur, si tu m'imitais en chantant ta folie,

On verrait bien que tu t'en fait pour rien,

On saurait bien que tu n'es qu'un fou.

Alors la honte peindrait aussi ton visage de poupre.

Faustian! en te voyant, on se demande : Qui est ce compagnon qui t'accompagne?

À l'avenir, tu devras être Un,

Tu devras ne plus être tiraillé entre moi et le monde.

Que serais-je pour le monde, si ne je suis rien pour les autres?

Allume des étincelles sur leur front,

Qu'elles brillent ou qu'elles s'éteignent,

Pour un moment, tu seras mon spectateur.


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