De fait, dans un registre qui n’est pas loin du silence des agneaux, les parlementaires UMP cautionnent de fait et entérinent souvent en votant comme un seul homme les dérives de l’Elysée.
Autant qu’à Nicolas Sarkozy, l’ardoise pourrait leur être présentée en fin de mandat. Jean-Marc Ayrault pointe la dérive morale du sarkozysme, l’effacement de la barrière entre la chose publique et les affaires privées et souligne les points communs avec la situation transalpine. “Il y a une perspective qui ne doit pas leur échapper : il n’y a pas de hasard au fait que le seul soutien européen de Nicolas Sarkozy s’appelle Silvio Berlusconi” estime le Maire de Nantes qui a étayé son propos en évoquant “la même autosatisfaction, la même vénération de l’argent, la même volonté de faire taire le mouvement social, la même persévérance à limiter les contre-pouvoirs. La même tentation du populisme”.
“L’idée de la République est née chez nous. Elle est notre fierté et notre bien commun, ne laissez pas cet idéal s’abîmer de petits calculs en grandes lâchetés” a exhorté le chef des députés PS. “Acceptez de joindre vos voix aux nôtres pour adresser un message clair : non à la berlusconisation de la vie politique française”.
La comparaison n’est pas nouvelle. Pierre Rosanvallon dans Mediapart décrypte le sarkozysme qu’il caractérise par une captation du pouvoir et une déresponsabilisation des individus, en l’espèce celle des parlementaires de droite. Mais l’intellectuel souligne également, au-delà de la superposition d’omnipotence et d’impuissance au sommet de l’Etat, que trois pays présentent des rapports inquiétants entre le pouvoir et l’argent : la Russie, l’Italie et la France.
Sans sombrer dans une diabolisation contre-productive, le risque est bien d’une dérive de notre régime vers une démocratie autoritaire à la Poutine où la légitimité de l’élection principale, celle du chef de l’Etat, écrase toutes les autres notamment sociale.
Après son appel à un sursaut des consciences à droite qui paraît bien improbable tant le nouveau calendrier de la Constitution lie le sort des députés à celui du président par une élection de type vague qui réduit la personnalisation du scrutin, Jean-Marc Ayrault s’est adressé à la gauche.
Pour le parlementaire, la gauche doit “revenir à l’essence” de son engagement. “La République politique doit aboutir à la République sociale” et “donner un nouveau souffle à la promesse républicaine”.
C’est sans doute là où le bât blesse comme le souligne toujours avec pertinence Pierre Rosanvallon pour qui la gauche est simplement devenue le parti de la dépense sociale sans les nouvelles formes de solidarité qui vont avec. Une gauche en panne de langage et en déficit d’analyse, contrainte de se rabattre sur le concept de défense de la république, incapable de dessiner un horizon par son absence d’intelligence du monde. Et surtout, pour l’intellectuel, des socialistes qui ne sont forts que des faiblesses du sarkozysme.
Derrière le constat sévère, le professeur au Collège de France esquisse une piste : la gauche doit être le parti qui permet de faire société commune, l’exact inverse de la politique machiavélique du Chateâu qui divise et oppose les français entre eux pour mieux régner. Jean-Marc Ayrault et ses collègues socialistes sauront-ils l’entendre ?
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