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Pourquoi Zora la Rousse ? ou les belles rencontres de derrière le périph’

Publié le 30 décembre 2007 par Valérie Bernard

C’est une question qui revient régulièrement par mail, mais aussi parfois au détour d’une conversation, dans mon coin de 9cube.
C’est une belle histoire, à l’image des contes de noël que ma Grand-mère nous racontait souvent au coin du feu dans la Datcha familiale perdue au milieu des montagnes, une histoire que toutes les Baba Yaga de la terre ne m’enlèveront jamais.
Zora la Rousse, c’est la série télé qui me faisait rêver petite. Une série tournée quelque part dans un pays qui n’existe plus. Co-produite par l’un de ses voisins qui a réussi à recoudre les blessures de son histoire.
Bref, une série TV qui qu’aurait sans doute enviée nos « pères spirituels », Schuman, Monnet et Spaak : sans l’union de la France, de la Suisse, de la Yougoslavie et de la RFA, Zora la Rousse ne serait jamais arrivée jusque sur nos écrans.


Zora La Rousse - Generique

Zora la Rousse, c’est aussi ce bout d’enfance, cette histoire commune que je partage avec Safia
, ma première amie audonienne, ma première belle rencontre de l’autre côté du périf’. Comme toutes les premières fois, ça ne s’oublie pas.
Safia, je l’ai tout de suite repérée sur le chemin de l’école ZEP de notre quartier. Toujours souriante, l’œil pétillant, l’envie d’aller vers les autres sans les envahir, et réciproquement. Toujours un mot gentil, un conseil, comme l’aimant des femmes du quartier.
Safia l'une des rares à mon arrivée, à passer de l’arabe au français devant moi. Celle qui m’a fait sentir une maman comme les autres dans ce nouveau quartier à apprivoiser.
Ce quartier pour lequel j’étais une étrangère pour certains, une nouvelle tête, une bourgeoise, ou encore une gauloise pour beaucoup d’autres.
Très vite, Miss Star’Ac (l’aînée de mes Blondes), devient la grande amie de Maïssa, cadette des 3 filles de Safia. Première invitation un mercredi, 1ère émotion, début d’une belle historie d’amitié :
« Je ne pensais pas que gens comme vous nous inviterait chez eux. »
« Et pourquoi pas ? »
Depuis ce mercredi d’automne 2003, nous partageons entraide, thés à la menthe, couscous, chocolats suisses, fous rires, palabres de femmes, café philo, trucs et astuces, cours de religions comparées… et surtout Zora la Rousse.
Safia a regardé cette série durant son enfance, près de la mer dans son village d’Algérie où sa mère, professeure d’arabe élevait seule ses 5 enfants, pendant que son père de nationalité française (il l’a bien sûr conservé après l’indépendance) travaillait comme ouvrier en France, dans une banlieue tranquille de Lyon.
Zora la Rousse pour moi, c’était enfin une vraie fille aventurière à la tête d’un groupe de garçons. A l’inverse de Claude, la fille Canada-Dry-garçon-manqué du Club des 5.
Zora, une héroîne si différente des femmes de cowboy et d’indiens, ou de mousquetaires, tous ces films que je dévorais installée sur les genoux de mon grand-frère, parce que les films de filles c’était pour « les débiles et les chochotes ».
Zora, un prénom mystérieux, qui me rappelait les consonances slaves de ma grand-mère ukrainienne, une femme au caractère bien trempée, à l’image de ses 5 filles. Mes 5 tantes ont pris tour à tour soin de moi, me gardant une place aux côtés de mes cousins-cousines. Les 5 sœurs m’ont chacune, à leur façon, irradiées de leurs combats de femmes pour conjuguer études, travail, enfants, familles composées et recomposées….
Zora pour Safia, c’est l’époque de la douceur, choyée par sa mère, entourée de sa famille. L’époque où Safia regarde avec plaisir la télé de la France, le pays où « papa est en voyage d’affaires ».
Un drame familial met fin à ce bonheur douillet et tranquille. Après le décès de sa maman, Safia doit rejoindre son père à Lyon. Un père qu’elle ne connaît pas.
Une famille recomposée nait, mais comme dans les contes de fées, la belle-mère est une marâtre qui très vite fait vivre un enfer aux enfants du premier lit. Seules les vacances d’été au Bled sont des pauses tendresse pour Safia.
Ma belle plante a perdu ses racines, l’année de ses 13 ans.
C’est Safia, qui la première m’a confié son histoire. Tout naturellement, au détour d’une conversation qui a démarré autour des séries TV. Fou rire mémorable, quand nous avons découvert qu’au même âge (nous sommes toutes les deux de 1972), chacun de notre côté de la méditerrannée, nous étions passionnées par la même série TVZora la Rousse crée en 1979 et diffusée à partir de 1982 sur Récré A2.
Près de 20 ans plus tard, ce sont nos combats de femme, nos enfants, la vie de quartier… la vie tout court qui nous rapprochent.
Safia samuse souvent a m’appelée Zora parce qu’elle trouve que je n’ai pas une tête et un caractère de Valérie, mon vraie prénom dans la vie.
Une fois, Safia a tenté de me faire croire que je n’étais pas comme les autres Gauloises, celles qui
« ne nous regardent pas, ou pire « nous méprisent ».
Je lui ai répondu que ça me gênait, autant que si un jour je devais déclaré : Safia est une Rebeu, différente.
Nous sommes juste des femmes, des femmes d’un quartier où nous n’avons pas grandi, mais que nous avons appris a aimé.
Les femmes des quartiers, « les tricoteuses de la cohésion nationale, les vigies de la République », pour Fadela Amara, L'ex-présidente de Ni Putes ni Soumises et aujourd’hui secrétaire d’Etat à la ville a lancé en mars 2006 pour la journée de la Femme « L'Appel des 343 femmes des quartiers » en mémoire des « 343 salopes » qui, en 1971, avaient bravé la loi et osé dire qu'elles avaient avorté.

Je vous recommande aussi de méditer la lecture de ce Slam des femmes des quartiers, écrit par Véronique BEKKAR.


Ni Putes Ni Soumises


Zora la Rousse est notre trait d’union, une part de notre Mektoub (destin), comme dirait Safia.
Ce prénom nous rappelle que nous avons tous la capacité à regarder le monde à 360° et non pas en le divisant en 2 camps comme nous l’apprennent la plupart des religions.
Zora est un prénom feminin d'origine arabe qui signifie : fleur, blancheur lumineuse.
Variantes : Zorah, Zorha.
Zora est un prénom d'origine slave (serbo-croate) qui signifie : Aurore.
D'origine latine (Aurora), vient du nom d'une divinité (en grec Éos) chargée d'ouvrir au char du Soleil les portes du ciel. Fête le 13 décembre.
Après quelques Googlisations et autres recherches historiques dont mon esprit d’escalier est plutôt fan, je serai presque confortée dans l’idée de Safia, que le « Mektoub » tire les fils de nos vies, lisez plutôt :
- Aurore Dupin, est le nom originel de l'écrivain George Sand (1804-1876) souvent considérée comme le premier auteur féminin professionnel de fiction. En utilisant un pseudonyme masculin, elle souhaitait se battre contre le stéréotype des femmes, afin qu'elles aient les mêmes libertés que les hommes.
- Aurore, Réflexions sur les préjugés moraux, est une œuvre de Friedrich Nietzsche.
- Aurore de Nevers, fille du duc de Nevers, est une belle jeune femme recueillie par Lagardère dans Le Bossu de Paul Féval.
Souvenez-vous, Lagardère (pas le patron de multinationale du 21e siècle, le chevalier qui déclare : « Si tu ne vas pas à Lagadère, Lagardère ira à toi ».
- Aurore, princesse victime d'un sort lancé par la fée Carabosse, se pique le doigt et tombe dans un profond sommeil dans La belle au bois dormant.
- L'Aurore est le nom porté par deux quotidiens français.
Le journal fondé en 1897 qui servit notamment de Tribune au « J’accuse » de Zola pour défendre Dreyfus. Mais aussi à Georges Clemenceau, qui en fut l’un des rédacteurs puis directeurs. Homme politique, leader des radicaux de gauche, mais aussi maire du XVIIIe arrondissement de Paris de 1870 à 1871, composé pour l'essentiel de l'ancienne commune de Montmartre et d’un bout de Saint-Ouen… (cf. l'un de mes articles sur Montmarte et Saint-Ouen).
- L'Aurore fondé en 1944 par Robert Lazurick, puis intégré au Figaro en 1985.
Zora la Rousse a donné son nom à un prix décerné chaque année de 1991 à 2006 en Suisse, par le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes. Le prix visait à récompenser les auteurs de projets ayant trait au domaine des média (théâtre, musique, littératures, films ou encore matériel pédagogique) pour l'enfance et la jeunesse qui traitent de l'égalité hommes et femmes, garçons et filles. Le dernier prix fut remis en juin 2006.
Zora-Aurore, c’est enfin le pseudo qui me protège.
D’abord parce qu’en tant que militante engagée dans différentes associations, je voulais que ma parole reste libre et indépendante. En écrivant sous mon vrai nom, je pouvais prendre le risque d’être prise pour le porte-parole de ces associations, rôle que je n’ai jamais souhaité m’attribuer.
Enfin, à la manière de Georges Sand en d’autres temps, je souhaite être « jugée » non pas en tant que Valérie, gauloise, bobo blonde ou tout autres étiquettes que l’on voudrait bien me coller, mais sur la base de mes idées.
L'aurore succède à l'aube et correspond au moment où le jour pointe à l'horizon, juste au début du lever du soleil.
Qu’il s’agisse du latin ou de l’arabe, les 2 prénoms ont le même sens : la promesse du jour nouveau.
A l’aube de 2008, j’en profite donc pour vous souhaitez une magnifique année : que celle-ci porte nos regards le haut plus possible, au-delà des murs de préjugés, qui étouffent chacun à leur façon la liberté de penser et de construire, demain.
© rédactionnel Valérie- ZoraLaRousse93.

PS : n'oubliez pas, pour que votre regard, votre voix, doivent avoir le dernier mot, inscrivez-vous sur les listes éléctorales dans votre mairie.
Il ne vous reste que demain lundi pour accomplir les formalités qui sont très simples : pièce d'identité en cours de validité + 2 justificatifs de domicile.


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LES COMMENTAIRES (1)

Par Zora
posté le 12 juillet à 22:17
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J'ai aimé vos explications sur Zora la rousse. Très émouvant... Je suis trop jeune, je n'ai jamais vu cette série à la télé, mais le prénom que je porte m'a fait aller vers elle. Oui, je m'appelle Zora et j'aime mon beau prénom... J'ai toujours été marquée par la ressemblance de signification entre les deux origines tout à fait hasardeuses du prénom. DAns mon cas, c'était celui de ma grand-mère, Baka en Croatie.