Un ancien combattant à Sarkozy : « votre politique commence à trop ressembler à celle que je partais combattre
le 6 janvier 1944 »
Il refuse une « fausse distinction grotesque » et
dénonce la dérive d’extrême droite du pouvoir sarkozyste.
Il s’appelle René Heitz, ancien combattant de la seconde guerre mondiale censé être honoré par le pouvoir sarkozyste d’un
« diplôme d’honneur ». Mais comme le médecin anesthésiste Anne-Marie Gouvet, élevée au rang de Chevalier de la Légion d’honneur pour récompenser l’action humanitaire
qu’elle mène depuis trente ans, ou encore le professeur au collège de France Jacques Bouveresse, lui aussi concerné par une éventuelle Légion d’honneur*, René Heitz refuse cette distinction.
Il s’en explique dans une lettre ouverte au président de la République publiée par Mediapart :
« Je reçois, aujourd’hui, une lettre de Madame le maire de Saint-Ismier, m’informant que le Président de la
République a sollicité tous les maires afin qu’ils remettent le «Diplôme d’Honneur aux Combattants de la Deuxième Guerre Mondiale». (…) Cela m’a paru si grotesque que
j’ai tout d’abord cru à un canular mais, à l’examen, il s’agissait bien de ce que je lisais. Alors je me suis demandé à quoi peut bien servir un tel document. A attester que j’ai réellement
combattu pour mon pays ? J’ai dans mon bureau mon Livret Militaire. (…) Alors quoi ? Une récompense ? Elle ne saurait être comparée aux distinctions qui m’ont été décernées, je veux
parler de la croix de guerre et de la Presidential Unit Citation. De toute façon je ne cherche nullement à en tirer gloire, je n’ai jamais porté ces décorations et peu de gens savent qu’elles
m’ont été décernées. A la réflexion, j’ai compris l’utilité de ces hochets distribués en votre nom. Vous espérez qu’ils vous rapporteront quelques milliers de
voix supplémentaires aux prochaines élections ! Faut-il que vous vous sentiez en mauvaise posture pour ratisser aussi large ? Ce que vous ignorez, c’est que pour les quelques vieux combattants
de cette époque encore en vie, tout ce qui compte c’est d’être en paix avec leur conscience.
Sachez, Monsieur le président, que vos fausses distinctions leurs sont indifférentes. Alors, Monsieur le président, le bout de papier que vous allez faire distribuer n’a
pour moi aucune valeur et je n’en veux pas. Je n’en veux pas parce qu’il est distribué dans l’espoir de consolider une politique que je trouve néfaste. Et elle est
néfaste parce que c’est une politique de division, de rejet et d’asservissement.
C’est la politique du fort contre le faible, des financiers contre les citoyens.
C’est la politique de la suspicion permanente.
Elle commence à trop ressembler, cette politique, à celle que je partais combattre le 6 janvier 1944 à 18 ans, en revêtant l’uniforme de la 2ème
D.B. Pour toutes ces raisons, je ne me rendrai pas à l’invitation qui m’est faite par le maire de Saint-Ismier et je continuerai mon combat contre les
forces et les hommes qui menacent notre laïcité et notre démocratie, jour après jour. »
Un « diplôme d’honneur » ? Mais l’honneur, pour René Heitz, consiste justement à refuser de cautionner cette imbécile opération de communication sarkozyste pour dénoncer, et avec quelle force, le caractère extrême droitiste du régime imposé au pays par le président des riches et des racistes !
* Les explications des refus d’Anne-Marie Gouvet et Jacques Bouveresse sont détaillés dans notre billet du 26 août dernier.
Mise à jour : René Heitz n’est pas seul ! A lire dans Le télégramme, Un résistant
refuse le diplôme de l’Elysée : « Si Charles Paperon n’entend pas contester que le gouvernement a reconnu « le rôle actif et décisif de la
Résistance », il estime en revanche qu’il démantèle sciemment le programme politique du Conseil national de la Résistance (CNR) publié en mars 1944 sous le
titre « Les jours heureux ».
Selon l’association de Raymond Aubrac, qui a republié ce texte il y a peu, le programme du CNR annonçait un ensemble ambitieux de réformes économiques et sociales, où figuraient en
bonne place la Sécurite Sociale, les retraites par répartition et la liberté de la presse. L’association « Citoyens résistants d’hier et aujourd’hui » a été créée pour
« réagir à l’imposture sarkozyenne. » Tiens, ça nous rappelle le sous-titre d’un essai, Sarkozy, la grande manipulation : « dénonciation d’une imposture »
Par Olivier Bonnet pour son excellent blog « Plume de presse »
merci à : Section du Parti socialiste de l'île de ré