l'ouverture de la chasse (version N°2)

Publié le 22 septembre 2010 par Dubruel
Version N° 2 OUVERTURE DE LA CHASSE A LENCLOÎTRE

Le 12 Septembre 2010

Inédite apparition, en  ce samedi.

Sur son bout de prairie,

Baltha admire six perdrix

Trois se coincent la bulle

Et trois, pénardes, déambulent.

 

Il se dit :

« Des aviculteurs voisins, prévenants,

Ont-ils déposé là de la chair à fusils

Préalablement encagée, engraissée au mil

Et domestiquée depuis un an ?»

 

Or, le dimanche 13, buvant un canon

Pendant la messe, Saint François,

Qui était autrefois

Le défenseur des oiseaux, répond

A la question, en se bidonnant :

Faut bien entrainer les enfants

A tuer des oiseaux à bout portant. 

(Bof, peu convaincant !)

Ou bien, autre hypothèse, faut imaginer 

Que les tireurs, dits-chevronnés,

Ne soient plus traités de nouille.

Quand ils rentrent bredouille.

Ou encore, l’Armée du Salut est de mèche

Avec les chasseurs bons viseurs

Pour nourrir de volaille fraiche

Ceux qui de faim meurent.

(Cette affaire parait bizarre

A Balthazar)

 

Alors, Baltha tease le saint

Qui semble avoir bu du vin.

« A mon avis, les assassins

Sont les aviateurs de Tours.

Les militaires, en cette saison,

S’amusent à jouer des tours

Aux habitants de la région.

Ils survolent de très près

Leurs prés, leurs maisons, leurs remises

Pour s’entrainer au rase-motte, qu’ils disent.

Auraient-ils obtenu la permission

D’ajuster les tirs de projectiles

Pour tuer quelques gouteux volatiles ?

De plus, le journal local, fort respectable

Au demeurant, a annoncé à la population

Que, par une spéciale dérogation,

L’armée de l’air,

L’air

De rien, avait autorisé l’utilisation

Des sièges éjectables

A ses pilotes en danger.

 

Profitant de l’occasion

Un ambitieux lieutenant

Qui voulait plus de galons,

A accordé à ses rampants

Un certain temps

Pour, rampant dans les champs,

Ramasser les frêles corps pré-désossés

Qu’ils avaient défoncés.

Et le lieutenant de penser :

Voilà la pitance du pitaine, dispensé

D’exercice,

Pour cause de syphilis,

Trop fier de sa quéquette

Mais si friand de fricassée.

Mon avancement est in the pocket. »

(Ce n’est pas vrai du tout.

Il s’agit d’un conte du Poitou.)

 

Voici la vérité vraie. Elle est épouvantable.

Dimanche soir tard,

Baltha revient de l’étable.

Il venait d’y plumer les deux canards

Qu’il avait abattus dans la journée.

Épuisé, il s’assoit devant sa télé.

Il apprend aux niouses que les chasseurs

Du coin ont passé un deal

Avec les éleveurs de volatiles.

 

Les chasseurs-tueurs dépensent leurs sous, bien bon,

Pour assouvir leur instinct à la con.

La chasse n’est plus un sport.

Les chasseurs sont des assassins, des porcs,

Des sauvages.

Les oiseaux, privés de leur état sauvage,

Sont partis

Depuis longtemps vers de plus doux paradis.

Avant, ils se tiraient vite fait au premier coup de fusil,

Echappant ainsi à la mort ou à la paralysie.

Aujourd’hui, s’agit pas de les exaucer

Mais faut bien les remplacer.

 

Le 19 septembre, le suivant dimanche,

Baltha s’endimanche.

Il va à la fête d’un lointain village.

Est-ce un mirage ?

Non, mais durant ce voyage,

O stupeur,

Dans les champs

Environnants,

Il ne voit plus aucun chasseur.

Les aviateurs

Venaient de recevoir la mission

De chasser, comme du gibier, les cons

Qui les empêcheraient de tourner en rond.