Le 12 Septembre 2010
Inédite apparition, en ce samedi.
Sur son bout de prairie,
Baltha admire six perdrix
Trois se coincent la bulle
Et trois, pénardes, déambulent.
Il se dit :
« Des aviculteurs voisins, prévenants,
Ont-ils déposé là de la chair à fusils
Préalablement encagée, engraissée au mil
Et domestiquée depuis un an ?»
Or, le dimanche 13, buvant un canon
Pendant la messe, Saint François,
Qui était autrefois
Le défenseur des oiseaux, répond
A la question, en se bidonnant :
Faut bien entrainer les enfants
A tuer des oiseaux à bout portant.
(Bof, peu convaincant !)
Ou bien, autre hypothèse, faut imaginer
Que les tireurs, dits-chevronnés,
Ne soient plus traités de nouille.
Quand ils rentrent bredouille.
Ou encore, l’Armée du Salut est de mèche
Avec les chasseurs bons viseurs
Pour nourrir de volaille fraiche
Ceux qui de faim meurent.
(Cette affaire parait bizarre
A Balthazar)
Alors, Baltha tease le saint
Qui semble avoir bu du vin.
« A mon avis, les assassins
Sont les aviateurs de Tours.
Les militaires, en cette saison,
S’amusent à jouer des tours
Aux habitants de la région.
Ils survolent de très près
Leurs prés, leurs maisons, leurs remises
Pour s’entrainer au rase-motte, qu’ils disent.
Auraient-ils obtenu la permission
D’ajuster les tirs de projectiles
Pour tuer quelques gouteux volatiles ?
De plus, le journal local, fort respectable
Au demeurant, a annoncé à la population
Que, par une spéciale dérogation,
L’armée de l’air,
L’air
De rien, avait autorisé l’utilisation
Des sièges éjectables
A ses pilotes en danger.
Profitant de l’occasion
Un ambitieux lieutenant
Qui voulait plus de galons,
A accordé à ses rampants
Un certain temps
Pour, rampant dans les champs,
Ramasser les frêles corps pré-désossés
Qu’ils avaient défoncés.
Et le lieutenant de penser :
Voilà la pitance du pitaine, dispensé
D’exercice,
Pour cause de syphilis,
Trop fier de sa quéquette
Mais si friand de fricassée.
Mon avancement est in the pocket. »
(Ce n’est pas vrai du tout.
Il s’agit d’un conte du Poitou.)
Voici la vérité vraie. Elle est épouvantable.
Dimanche soir tard,
Baltha revient de l’étable.
Il venait d’y plumer les deux canards
Qu’il avait abattus dans la journée.
Épuisé, il s’assoit devant sa télé.
Il apprend aux niouses que les chasseurs
Du coin ont passé un deal
Avec les éleveurs de volatiles.
Les chasseurs-tueurs dépensent leurs sous, bien bon,
Pour assouvir leur instinct à la con.
La chasse n’est plus un sport.
Les chasseurs sont des assassins, des porcs,
Des sauvages.
Les oiseaux, privés de leur état sauvage,
Sont partis
Depuis longtemps vers de plus doux paradis.
Avant, ils se tiraient vite fait au premier coup de fusil,
Echappant ainsi à la mort ou à la paralysie.
Aujourd’hui, s’agit pas de les exaucer
Mais faut bien les remplacer.
Le 19 septembre, le suivant dimanche,
Baltha s’endimanche.
Il va à la fête d’un lointain village.
Est-ce un mirage ?
Non, mais durant ce voyage,
O stupeur,
Dans les champs
Environnants,
Il ne voit plus aucun chasseur.
Les aviateurs
Venaient de recevoir la mission
De chasser, comme du gibier, les cons
Qui les empêcheraient de tourner en rond.