Lors des débats, sur la réforme des retraites, à l'Assemblée Nationale, le mercredi 16 juin 2010, on a pu découvrir, quelles étaient les pistes, envisagées par le gouvernement et les députés de la majorité présidentielle sur la prise en compte de la pénibilité.
Nous passerons rapidement sur un propos d'Eric Woerth, qui avec sa délicatesse habituelle a déclaré : " On pourrait bien sûr dire que tous les métiers, que le travail en général, comme la vie d’ailleurs, sont fatigants ; c’est vrai que quand on est éveillé, c’est plus fatigant que lorsque l’on dort ! "
Pour revenir sur un passage important de son intervention : " Mais nous devons prendre en compte la véritable pénibilité au travail, c’est-à-dire les séquelles dues au métier, constatées par un médecin ... / ... La pénibilité se mesure évidemment sur des critères médicaux ... / ... Ils ont un rôle à jouer, sachant que je conçois bien que la pénibilité doit également être traitée tout au long de la vie au travail. Nous allons travailler avec l’ensemble des médecins du travail, des ergonomes, des psychothérapeutes sur ce dossier ... / ... "
A rapprocher des propos tenus par Laurence Parisot dans une interview, sur le même sujet, qu'elle avait accordée au journal Les Echos à la veille de la mobilisation contre la réforme des retraites le 7 septembre
Extraits : " ... / ... si on considère que la pénibilité est inhérente au travail, on va vers un déclassement de notre pays. En revanche si on considère qu'il peut y avoir des cas particulier, des situations individuelle des circonstances ou un travail est pénible, on peut s'engager avec les partenaires sociaux dans une démarche de prévention et d'amélioration constante des conditions de travail mais en aucun cas il ne faut laisser la possibilité d'approche qui équivaudrait à des préretraires spécifiques par catégories, ou par métier ou type d'activité ... / ..."
Retour à l'Assemblée pour la réponse de Jean-marc Ayrault à Eric Woerth : " ... / ... Vous répondez à la question de la pénibilité par une réponse médicale. Mais, elle existe déjà : c’est l’invalidité ! "
Mme Marie-Christine Dalloz. UMP : " ... / ... D’une part, sur le plan préventif, la mise en œuvre d’un carnet de santé individuel est essentielle. Elle permettra, en effet, de déterminer, selon l’exposition aux risques du salarié et la durée de cette exposition, si une réorientation professionnelle est nécessaire. ... / ..."
Or ce que dit le texte, modifié par l'Elysée qui a ramené de 20 à 10 % taux d'incapacité n'est pas aussi simple :
1/ Il faudra avoir été exposé pendant plusieurs années à des conditions de travail particulières (horaires décalés, exposition au bruit, port de charges lourdes, substances toxiques...). 2/ L'incapacité devra être directement liée à ces facteurs de risque, ce qu'une commission d'experts, composée de médecins et de représentants des partenaires sociaux, déterminera. - RMC
Et justement, que dit Laurence Parisot au sujet du corps médical ? : " ... / ... Les médecins n'ont pas été beaucoup consulté. Il faudrait en parler un peu plus aux médecins du travail mais entendre aussi l'avis de l'académie de médecine sur un sujet ou les compétences médicales de l'entrepreneurs et du syndicaliste sont assez limitées"
Ce qui est amusant, lorsqu'on apprend que le Conseil National de l'ordre des Médecins, s'étonne de ne pas avoir été consulté : " Si vous regardez le site du Conseil national de l'ordre des médecins, à la date du 16 septembre, il y a un texte qui dit que l'Assemblée nationale a voté une importante réforme de la santé au travail ... / ... Ils disent qu'ils s'étonnent de l'absence de toute concertation, ce qu'ils regrettent vivement, alors qu'ils demandent depuis six mois à être reçus par le ministère ... / ..." Bernard Salengro, secrétaire national de la CFE-CGC le 17.09.10 - Le Monde
Ce qui est "amusant" aussi ce sont les amendements façon "cavalier parlementaire" qui ont été ajoutés par des députés UMP et qui concernent la médecine du travail et baptisés par Rue89 : "Médecine du travail : la « réforme low-cost » d'Eric Woerth "
" ... / ... Recours à des médecins de ville pour certains salariés, Possibilité aux internes en médecine de remplacer les médecins du travail pendant leurs congés. Et les infirmières verraient leur métier évoluer, avec la création d'une spécialité en santé du travail, qui permettrait la « délégation de tâches » des médecins aux infirmières ... / ..."
Ce qui fait dire au docteur Mireille Chevalier du SNPST (Syndicat National des Professionnels de la Santé au Travail) : " si les représentants des employeurs organisent et orientent les missions des professionnels de santé, il n'est plus du tout sûr que ces derniers pourront jouer pleinement leur rôle de prévention, il n'est plus du tout sûr qu'ils seront écoutés. C'est le Medef qui a dicté cet amendement ... / ... Il aurait fallu augmenter les moyens de la médecine du travail et soutenir l'indépendance et l'initiative des personnels tout en renforçant le contrôle de l'État. Or, avec ces amendements, c'est le contraire qui est fait ... / ... " - La Provence
Au fait, vous faites quoi le 23 septembre ?
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La Dépêche
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