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Quand j'ai découvert Mathangi « Maya » Arulpragasam en 2005 et sa chanson Galang j'ai tout de suite aimé.
Quand j'ai vu le clip j'ai déchanté. Mais la musique étant d'abord et avant tout pour satisfaire les oreilles je me suis procuré Arular, son premier album, quand même. J'aimais beaucoup Pull Up the People aussi. Mais l'amoureuse détestait avec passion. Spécialement cette chanson où elle y va en ouverture d'un espèce de cri "rappelant la jouissance au lit" (dixit l'amoureuse) qui se repète sur toute la durée de la chanson. Il est vrai aussi que tout son oeuvre est axée sur la répétition et que ça peut tomber sur le gros nerf. Celui qui fait capoter.
J'ai écouté son album pendant peut-être un mois car je le trouvais ensoleillé. Tellement ensoleillé que quand la belle et moi sommes allés dans le Sud en vacances, c'est M.I.A. qui jouait un peu partout et continuellement dans les hauts-parleurs sur le site de l'hotel où nous étions. Les deux pieds dans le sable blanc avec deux douzaines de daiquiris sous le nombril, ça rentre vraiment bien.
Sa musique métissée qui marie un son dance, grime, hip-hop, ragga, dancehall, d'électro, funk, dégage des ondes tribales.
Fille d'un père fondateur d'une organisation révolutionnaire étudiante pour l'indépendance de l'Îlam tamoul, enfant de la guerre civile au Sri Lanka, c'est en Inde et à Londres qu'elle développera sa créativité en étudiant les beaux-arts, le cinéma et la vidéo (À VOIR SES PREMIERS CLIPS LE CROIRIEZ VOUS????).
Elle commence dans la peinture en tant qu'artiste engagée, en 2001, sa première exposition a lieu à Portobello Road, à Londres, et un livre reprenant ses œuvres paraît, simplement intitulé M.I.A. (pour Missing in Action).
Elle rencontre la chanteuse Peaches qui initie Maya au séquenceur et lui donne le courage de se lancer dans la musique. De retour à Londres, elle se procure un séquenceur d'occasion et fait un démo de six chansons. Les DJ s'arrachent le single Galang, édité à seulement 500 exemplaires. Sa carrière musicale est donc officiellement lancée en 2004 grâce au bouche-à-oreille, à internet et aux clubs. Par la suite, son premier album, Arular, gagne le prix Mercury en 2005. Celui-ci marque l'indépendance de M.I.A. dans le monde musical et impose la chanteuse comme une égérie du courant nu rave.
Toutefois, sa tête enfle rapidement. Son deuxième album est enregistré partout, l'Inde, Trinidad, Le Liberia, la Jamaique, l'Australie, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis. Le style de son deuxième effort s'en trouve affecté. Non seulement est-il très éparpillé mais les sujets sont plus sombres, confus, voire juvéniles. Elle y aborde les politiques d'immigration, les décisions de George W. Bush et les génocides...(soleil soleil où es-tu?) Comme elle a vécu la guerre, elle semble s'en approprier le droit unique d'en parler. Elle n'accepte surtout pas qu'on la critique sur ce sujet en tout cas.
Plus récemment M.I.A. s'est fait connaître grâce a son titre Paper Planes remixé pour le film aux huit oscars Slumdog Millionaire. Je DÉTESTE les samples, je trouve que ça ne fait que souligner le manque de créativité des artistes. Paper Plane utilise de longs passages de Straight To Hell de The Clash. J'ai tout de suite haï. On ne touche pas aux pièces de musée.
Tout de Boyz m'a irrité. Ce son que je commençais à trouver pas mal minimaliste et ressemblant de plus en plus à un fax se débobinant de son contenu me faisait me lever la nuit pour l'haïr. Et ces clips...aussi agréable que quelqu'un qui sape dans vos oreilles.
Pourtant j'aime les mutants.
Elle sort son dernier album en juillet dernier décrit par elle-même comme un album mêlé de "bébés, de morts, de destruction et d'impuissance..." (vomir ici)
Son activisme sur à peu près tous les sujets, même ceux qu'elles ne maitrisent pas complètement, s'accentue. Son clip pour Born Free, qui est en fait un film de près de dix minutes de Romain Gavras (le fils de Constantinos Costa-Gavras), est parfaitement incompris. D'une violence immature, il est banni un peu partout et la masse publique, qui a souvent le Q.I. d'une balle de tennis, pense que M.I.A. en a contre les roux...Pourtant l'idée de base était bonne (l'intolérance face aux gens différents), c'est l'éxecution qui fait défaut.
Bien qu'elle se prétend une "anti pop-star", elle se permet de critiquer la reine de la pop Lady Gaga qu'elle accuse de lui voler son style (!?!) C'est un peu comme si elle comparait Lou Reed à Moby... De plus cet "anti pop star" vit quand même la vie des gens riches et célèbres à Beverly Hills avec Benjamin Bronffman...
Déçue d'une critique d'une journaliste du New Yorker elle a publiée son numéro de téléphone sur Twitter.
Son dernier effort est un album expérimental, voire inaccessible qui choisit de mettre nos oreilles au défi mais elle teste aussi la patience de son public alors qu'elle se prononce à tort et à travers sur le Sri Lanka, les Tamouls, la Palestine (!) et les Africo-Étatsuniens. Et ce,sur à peu près toutes les tribunes.
Avec une naiveté souvent débilisante.
Elle contrôle 100% de son produit et au lieu de décrier les stéréotypes, elle en joue de sorte qu'il devient difficile de savoir si elle critique la violence ou si elle l'embrasse.
Elle joue tant avec le feu qu'un jour elle pourrait réèllement être "Missing in Action".
Elle était de passage à Montréal hier au Métropolis.