Hitman

Par Rob Gordon
Ces derniers temps, on a pas mal parlé de Hitman, mais uniquement pour de mauvaises raisons : monteur engagé à la hâte pour colmater les brèches, scènes d'action de Xavier Gens jugées trop pourries et re-tournées par un naze nommé Olivier Megaton... Malgré les fermes dénégations de ceux qui continuent à promouvoir le film, je puis vous affirmer de source sûre que 95% de ces pseudo rumeurs sont véridiques. Et que, top secret, un gros barbu nommé Luc B. s'est chargé lui-même de tourner quelques scènes pour tenter de donner à Hitman un semblant de professionnalisme. Bref, ça puait le fiasco total. Avec un peu de recul, toute cette anti-promo a eu le mérite de nous préparer à voir un mauvais film, et si Hitman est en effet un film archi-mauvais, il constitue presque une bonne surprise, puisqu'il est légèrement moins nul que prévu. Mais tout est relatif.
Première abomination : le montage. Il y aurait donc eu plusieurs monteurs sur le coup, mais pas un n'a eu le talent nécessaire pour éviter que l'ensemble ne ressemble à un gigantesque hachis parmentier, un machin baveux et hétérogène qui perd de petits morceaux en route. Certaines scènes (le combat à l'épée entre les rames de train, par exemple) sont purement illisibles, ne respectant même pas le langage cinématographique le plus rudimentaire. La mise en scène de Gens, elle, est à peu près supportable, même si on sent qu'il s'est parfois emporté, trop enthousiaste à l'idée de jouer au réalisateur ricain. L'image fait très 80's, mais paraît que c'est voulu. Pas sûr que ce soit l'idéal pour l'adaptation d'un jeu vidéo...
Deuxième abomination, et pas des moindres : le scénario. Prenez tout ce qu'il y a de plus pourri et de plus déjà vu dans les moins bons thrillers des dix dernières années, mélangez bien, ne gardez que la partie la plus indigeste, et vous aurez à peu près une idée de la qualité du script de Skip Woods. Compilation de clichés (sur les russes, les noirs, etc.) et de scènes archi-rebattues, Hitman se prive de toute crédibilité. Dès lors, on peut difficilement reprocher aux acteurs d'être mauvais comme des cochons. Toujours douloureux de voir des acteurs qu'on aime bien (Ulrich Thomsen, Robert Knepper et autres) contraints de faire mille mimiques pour tenter de faire exister leurs personnages. Dans le rôle-titre, Timothy Olyphant est sans doute celui qui s'en sort le mieux, son personnage étant surtout caractérisé par des litres de froideur et de sobriété. Il y a quand même bon nombre de passages too much dans lesquels il fixe la caméra avec son oeil noir mais torve, comme pour dire "regardez comme je suis costaud". Là, définitivement, c'est insupportable.
En fait, même si on préfère amplement la voir dans des films plus consistants, la vraie attraction du film, c'est Olga Kurylenko. Pour continuer dans le stéréotype, la seule femme du scénario est une pute. Russe. Forcément. Mais l'actrice parvient miraculeusement à illuminer son rôle, l'alliage talent/corps parfait étant ici des plus utiles. Ça n'était sans doute pas le but premier de Xavier Gens et de ses suppléants, mais Hitman donne envie de revoir L'annulaire, de Diane Bertrand, que la divine Olga irradiait de ses charmes. Tout cela vaut bien une note aussi flatteuse.
3/10