« Le cuir c’est avant tout un animal, il faut pouvoir lui tirer sur la gueule ». Les analyses de François Azambourg sont comme ses créations : brutes, originales et modernes. Pour son exposition “INTERIEURS CUIR Acte-2” au Lieu du Design, le lauréat du Grand prix du Design de Paris 2004 propose 15 objets. 15 détournements. 15 œuvres sensuelles qui attirent nos corps et appellent au tactile. Un travail collectif entre François Azambourg et les 12 tanneurs et mégissiers partenaires de l’opération, qui ont travaillé main dans la main avec l’artiste, en lui fournissant toutes les peaux et les techniques pour ses créations.« Historiquement, le cuir est là pour masquer un défaut, c’est une pièce rajoutée. Moi, j’ai voulu faire du défaut une qualité ».
François Azambourg prône la réhabilitation du cuir sous sa forme la plus naturelle. Sa collaboration avec Hermès le brime. « Le cahier des charges sur le cuir est trop lourd. Il est un peu dénaturé, presque trop beau ». Lui, ce qu’il veut, c’est violenter son matériau. Il le fait et c’est maintenant Hermès qui se montre intéressé par sa création. « Le cuir est un matériau moderne. On a découvert qu’il était extrêmement performant pour faire des membranes de radio. Le cuir va revenir en force ».
Du coup, François Azambourg crée une radio tout en cuir. Et son cuir, le créateur le malmène. Tantôt à l’allure élastique comme pour ses chaises, tantôt froissé comme un tissu quand il sert de paravent. « Chaque objet est un bras de fer ». C’est que le cuir ne se laisse pas faire, il est un matériau vivant. Il faut le dompter avant de le soumettre. « J’ai cherché à créer une adéquation entre le matériau et la forme de l’objet. Par exemple, cette table, on dirait qu’elle marche ».
C’est toute la force du cuir, même une fois stabilisé sur un objet, il respire la vie. Et cette table aux pieds décalés donne envie de se lancer à sa poursuite, lasso en main et Stetson sur la tête. François Azambourg voue une fascination au vivant depuis son enfance. Les insectes, les animaux l’obnubilent. Ses créations sortent tout droit de ses rêves. Prêtes à prendre vie, parfois effrayantes, mais toujours envoutantes. En janvier dernier, le designer a été élu Créateur de l’Année par le salon Meuble Paris. Mais c’est une couronne de révolutionnaire qu’il devrait porter, en cuir évidemment.