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Quelques nuées octroyaient une ombre parcimonieuse
Ephémère refuge à la soif d'apaisement
*
Car notre bouche desséchée
Halète dans le grand soleil de midi
Une grande symphonie cigalière
Accompagne encore nos pas alourdis
Reste une place sur le banc
Au pied du platane
Une seule
*
Elle
Elle tourne de part en part
Traverse la ville
Une valise dans sa main droite
Un caddy vide tiré par la gauche
Son caban de misère grisaille dans la lumière
Ses pieds sales aux ongles tuméfiés
Trainent des savates sans âge
Elle marmonne
Accuse qui veut l’entendredu vol de ses poèmes
Dans un grand battement de tourterelles envolées
*
Chaque jour qui passe
Mon cœur se serre
Je sais le provisoire de notre condition
Notre condamnation inéluctable
A osciller
Entre lumières et ombres
Fortune provisoire
Et misère définitive
*
Durs les rayons sur les têtes laborieuses
Contraintes à demeurer où le travail les noue
*
C’est nouvel esclavage que celui qui nous fixe
En éphémères propriétés
Qu’huissiers lorgnent avec appétit
*
Nous marchons
Viennent à nos regards les vies qui déambulent
L’œil acéré voit bien les infimes déchéances
Dans un pied qui accroche le relief d’un pavé
*
Rien ne change et tout se transforme
Ce qui était vrai hier garde sa cruauté
.
Cru dans la lumière le cri reste actif
.
Pour briller mieux vaut ne rien dire
Se taire ou faire semblant de ne rien voir
.
Tant de choses dites dans le silence des pas…
*
“Si tu voulais me reconnaître,
Pas une lettre de ma lettre
Ne t'aiderait à me trouver.”
Abû-Nuwâs
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Manosque, 19 août 2010
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