Aulas, hélas...

Le président Jean-Michel Aulas n'est pas connu pour faire l'unanimité. La réussite de son club de football en a irrité plus d'un. Et malgré les difficultés actuelles de l'Olympique Lyonnais, il reste sans doute l'un des hommes les plus influents du football Français, pour ne pas dire du sport professionnel.

Il a eu, par le passé, des velléités d'investir dans le club de rugby local. Mais force est de constater que ses propos récents sur la question des retransmissions télévisuelles (et des recettes qui vont avec) ne paraissent pas de nature à favoriser le rapprochement entre les deux sports. Au-delà, ses déclarations résonnent comme une déclaration de guerre adressée au rugby.

Qu'a dit le président Aulas ?

Qu'il fallait revoir le planning des matches de ligue 1, afin d'occuper davantage le PAF et d'éviter de laisser de la place aux rencontres étrangères et aux matches de rugby.

Visiblement, Jean-Michel Aulas ne veut pas de concurrence pour son cher football, et surtout pour son très cher OL. Sus au rugby, donc, accusé d'être un dangereux gêneur.

On connaît la personnalité du président Lyonnais et sa propension à prendre des positions pour le moins discutables, pour ne pas dire plus. Et certains diront que la position hégémonique du football n'a pas attendu Monsieur Aulas pour imposer sa loi aux autres sports. Après tout, il n'est qu'à feuilleter le plus grand quotidien sportif de l'Hexagone pour constater combien le ballon rond écrase tout. 

Mais on a le sentiment qu'au delà du manque d'élégance du propos, celui-ci révèle bien le danger auquel est confronté le rugby. Celui d'une lutte à mort engagée par le football professionnel français pour assurer sa pérennité au moment où le paysage audiovisuel se resserre (Orange Sport, qui possède une partie des droits de diffusion du football va prochainement disparaître) et les perspectives financières ne sont plus forcément radieuses.

Si, à l'heure actuelle, les sommes versées au ballon rond par les télévisions sont largement supérieures à celles octroyées à son cousin ovale, les mauvais résultats du football français, la médiocrité du spectacle et l'ambiance plombée qui règne dans certains stades et leurs alentours pourraient contribuer à rebattre les cartes.

Alors, la solution préconisée par Jean-Michel Aulas est aussi simple que, sur le fond, redoutable : en supprimant l'audience télévisuelle du rugby, on le privera de toute prétention à remettre en cause le règne du roi football.

Le président de la LNR, Pierre-Yves Revol, n'a pas souhaité répondre à ce qui s'apparente à de la provocation. Pour autant, on peut être certain qu'il surveillera attentivement les prochaines négociations autour des droits de diffusion du championnat de France de Ligue 1. Car au-delà de la provocation, le président Aulas a su prouver, par le passé, qu'il pouvait avoir de la suite dans les idées...