Tiens, encore un rapport de la Cour des Comptes… Tiens, il s’intéresse encore au Comité d’Entreprise d’EDF. Tiens, il constate encore que tout le monde s’en met plein les fouilles au détriment du client final, que c’est géré n’importe comment et que la CGT, qui règne sur le bazar, semble partie pour continuer sur la même lancée. Stupéfaction. Surprise. Ébahissement. Agitation. Inaction.
Bon, ok, je n’ai pas encore lu le rapport qui a « malencontreusement » fuité comme en témoigne les petits pleurnichements tristes de l’Institution ; puisque celui-ci n’est pas officiel, je me contenterai d’analyser rapidement ce qui en est dit par ceux qui disent l’avoir compulsé.
Mais sans m’avancer et vu le contenu des révélations, il semble bel et bien que le comité d’entreprise d’EDF (entreprise dans laquelle l’Etat est toujours majoritaire à plus de 80%, ne l’oublions pas) ait continué ses pratiques plus que douteuses déjà dénoncées il y a trois ans par la même Cour.
C’est toujours intéressant, ces études Avant / Après. En général, on présente un truc dans le genre suivant, pour vanter les progrès en matière de greffe de poil de marmotte (Dominique de V. peut en témoigner) ou les miracles d’un nouveau shampoing anti-calvitie :
Vous voyez le principe : d’un côté, l’image « avant » où on présente ce qu’on a observé lors de l’audit, généralement pas tip top, avec du poil rêche qui ne pousse pas sur les côtés et des trous visiblement avancés, ou, dans le cas qui nous occupe, des trucs et des machins qui ne sentent pas bons et qui flottent à la surface le ventre en l’air. Et de l’autre, l’image « après », où on présente le résultat du shampoing / de la greffe / des intenses remises en questions, des progrès effectués, des traitements subis ou opérés.
Or, pour EDF, l’image donne à peu près ceci :
Ami lecteur, le copiste en charge de restituer l'image de gauche sur la partie droite a commis 0 erreurs dans son travail. Sauras-tu trouver les 0 différences ?
Les images ne sont pas forcément très parlantes, nous allons donc nous référer aux informations des organes qui nous rapportent la nouvelle. Le constat est édifoustillant, mélange d’édifiant et de croustillant : rien n’a changé en trois ans, et à la limite, c’est même pire.
Attention cependant : ici, on ne parle pas officiellement d’une vaste opération de magouille organisée. Non, là, il s’agit du tranquille travail de gaspillage désinvolte et totalement détendu du mobile (ce dernier étant : « c’est pour le bien des électriciens, voyons ! »). La Cour brosse en effet le portrait logique d’une institution livrée à elle-même, sapée par les gaspillages et les dysfonctionnements en tous genres.
C’est rigolo, cette définition, on dirait … La Sécu. Ou les retraites. Ou aussi le budget de l’Etat. Ou celui de certaines communes ou régions. Ou, en réalité, de toute organisation institutionnelle gérée sur les mêmes principes sains du Ce Qui Est À Moi Est À Moi, Ce Qui Est À Vous Est Négociable.
En effet, assurant pourtant ses revenus par une confortable ponction de 1% sur la facture de gaz et d’électricité des Français, le bilan global laisse apparaître un petit troutrou joli de 32 millions d’euros (qui aurait dû être 60 si les différentes caisses régionales n’avaient pas un peu rééquilibré les différents comptes de la caisse centrale), troutrou dont le diamètre global va encore augmenter cette année pour atteindre 70 millions.
Un trou de plus en plus gros, des mouvements de plus en plus saccadés alors que les recettes augmentent, là encore, un parallèle troublant ne peut manquer d’être fait avec d’autres caisses d’autres organismes gérés par la même guilde syndicalisée de flèches paralympiques de la comptabilité créative…
Mieux : la Cour relève qu’une partie des fonds collectés sur le dos des clients a servi, sans aucune espèce de justification, à alimenter les caisses … de la CGT (5.86 millions, tout de même, jolie performance). On n’évoquera pas trop, par pudeur, les 5 millions ponctionnés sur les dépenses sociales en 2008, puis 18.4 millions en 2009. L’inflation, que voulez-vous, touche apparemment plus les riches que les pauvres.
Évidemment, toutes ces opérations, à la légalité parfaitement … douteuse, n’ont fait l’objet d’aucun contrôle tant tout ceci se passe, on s’en doute, entre amis et gens de bonne compagnie. Après tout, ils travaillent tous pour le bien commun. Un petit bisou, et l’affaire est réglée. Et personne ne s’offusquera donc de l’utilisation de ces fonds pour venir financer des opérations syndicalistes, politiques ou pour rembourser les jours chômés des grévistes qui ont beau jeu, parallèlement, de venir pleurnicher (parfois jusque dans mes commentaires) que leurs jours à griller des merguez ne sont pas payés non môssieu non môssieu je sais mieux que vous d’abord patati, patata.
Finalement, les socialistes et communistes de la CGT montrent qu’ils sont comme tous les gauchistes collectivistes : ils ne comprennent rien à l’économie, gèrent les comptes d’une grande entreprise comme une épicerie de quartier, se vautrent lamentablement alors que les recettes augmentent, dans la plus parfaite opacité, se servent au passage largement, et viendront couiner qu’on les aide – Plus De Moyens ! – lorsqu’il ne restera que des ruines fumantes.
Après quoi, ce sont exactement les mêmes qui viennent nous expliquer comment il faudrait faire pour gérer – par exemple – les retraites. Pour de la crédibilité, c’est du béton armé précontraint, ça, mes petits amis.
Pas de doute : ils sont, eux aussi, opérés de la honte.