Transformer un plat de spaghettis, en stratégie militaire ? Pourquoi pas. C’est tout l’art du Powerpoint. “Quand nous on aurons compris ce slide, nous aurons gagné la guerre”. Déclare le général Stanley Mac Chrystal (qui dirige les forces américaines et de l’OTAN à Kaboul), face aux lumières du show… Powerpoint. Un commentaire. Sans appel. Ramenant, à sa juste valeur, l’immense pouvoir de conviction qu’exerce cette « lanterne magique » aux effets convenus : le diaporama Powerpoint.
Convaincre en 3 slides
Comment subjuguer son assistance grâce à Powerpoint ? Affichez un premier slide, incompréhensible. Commentez. Puis enchainez, rapidement, avec un deuxième slide, aussi consécutif que complexe. Commentez. Encore. En haussant le ton. Et les épaules. Expliquez. Ce deuxième slide. Avec force et conviction. En insistant sur la pertinence du visuel (vos commentaires n’en prendront que plus d’importance). Puis laissez se répandre un silence, inévitable.
Il est temps de passer au troisième slide : plus complexe encore, que les deux précédents. Et là… Vous avez gagné. A ce stade, le public vous est totalement acquis : abruti.
Inutile de poursuivre la démonstration. Le temps pour vous, orateur, vient de se taire. Une seconde. Pour observer les mines défaites. C’est fait ? Maintenant, enfoncez le clou : réclamez des questions.
Pas de question ?
Aucune. Evidemment. Sinon de circonstances. Le slideshow était bâti, pour n’en pas poser.
La magie est totale. Même si de son côté, le général Stanley Mac Chrystal persiste à stigmatiser les présentations powerpoint : “C’est dangereux parce que cela crée l’illusion de la compréhension et l’illusion du contrôle”.
Aurait-il raison ? Un militaire peut-il, d’ailleurs, avoir tort ? Les commentaires désabusés du Général, à propos des diaporamas powerpoint, en détails, sur le site d‘interntactu.
Ou l’article du new york times, à la source.Selon lequel, ces présentations PowerPoint sont connues pour leur aptitude à, selon les mots d’un interviewé, “hypnotiser les poules”.
Propos militaires…
L’éloge de l’incertitude
Pour aller plus loin, « l’éloge de l’incertitude ». Le livre de Rafi Haladjian. Au sous-titre évocateur:
» Devenez beau, riche et intelligent, avec PowerPoint, Excel et Word »
Le talentueux et désintéressé auteur précise l’inconsistance, comme le pouvoir de ces diaporamas powerpoint ; quitte à laisser d’ailleurs son livre, édifiant, vivre sa vie, sur Internet…Cherchez-le !
Allez, non, épargnez-vous cette peine, vous trouverez ici, le livre à télécharger. Extraits :
- Vous manquez de temps pour écrire un vrai texte ou (comme tout le monde) vous ne savez pas écrire : faites du PowerPoint plutôt que du Word.
- Au lieu d’argumenter, vous n’avez plus qu’à empiler, recenser, bullet-lister et enfiler des verbes à l’infinitif (construire, découvrir, développer, gagner) ou des phrases nominales.
- Avec PowerPoint, vous pouvez balayer l’Incertitude sous le tapis. «Surtout, ne montrons pas que nous ne savons rien. Faisons semblant de savoir où nous allons, que nous avons les choses bien en main. » Tout peut se résoudre par une implacable logique linéaire. Tout peut être dénombré, organisé, cadré, grâce aux bullet lists.
Et…
- Tout est soluble dans PowerPoint.