C’est la reprise des répétitions pour l’Eboule Totale Compagnie. Après Cinq filles couleur pêche, place à L’île des chèvres. Dans cette pièce, chacun a ses secrets, mais parfois, l’espace d’un instant, la vérité transparaît à travers quelque chose que les personnages ne parviennent pas toujours à contrôler : leur corps.
Il n’en faut pas plus pour trouver prétexte à un exercice…qui rend chèvre : s’efforcer dans un dialogue à dire l’inverse de ce que son corps exprime. Ou plutôt à faire dire à son corps l’inverse de ce que l’on dit. Bref : oublier le sens des mots pour que ça soit le corps qui parle.
Exemple appliqué dans l’exercice : une scène entre deux protagonistes où le premier est amoureux du second, qui ne l’aime pas. L’amoureux doit faire sa déclaration avec les mots les plus tendres possibles tandis que son corps doit exprimer le rejet le plus profond. A l’inverse, l’aimé qui n’aime pas doit dire l’impossibilité de la relation tandis que son corps doit exprimer l’attirance la plus absolue. C’est dire je t’aime en repoussant l’autre le plus loin possible de la salle tandis qu’il vous dit qu’il vous déteste en vous prenant dans ses bras. Les deux comédiens se prêtant à l’exercice – ressemblent, certes, à des personnes ayant perdu tout sens commun – mais surtout s’aperçoivent qu’ils finissent par oublier complètement ce qu’ils disent textuellement, et que les mots n’ont plus d’importance. Ceux-ci s’effacent pour laisser place à l’idée manifestée par les gestes et l’expression corporelle.
Excellent entrainement donc, pour se rappeler qu’au théâtre, c’est le corps et non le texte qui a le dernier mot.
L’exercice est évidemment à garder pour la scène. Dans la vie, pour votre bien-être et celui de vos interlocuteurs, il vaut mieux que le corps soit…en accord avec le cœur.