Il ne s’agit pas ici de parler du web, mais bien de comment le révolution mise en avant par la bourgeoisie pensante est en fait une contre révolution. Ou plutôt comment l’outil le plus subversif qu’il soit peut devenir une page blanche parce que nous oublions de défendre l’essentiel.
Soyons tout d’abord clair : internet n’est pas magique. C’est un excellent vecteur d’information, mais aussi un vecteur de conneries plus grosses les unes que les autres. Nous trouvons sur le net aussi bien l’information primordiale dont nous avons besoin que le pire de la pornographie, le pire du complotisme et le pire des ignominies. En gros, nous trouvons sur internet ce qui a toujours fait l’humanité, mais démultiplié.
Mais ne négligeons pas surtout le moyen simple et efficace qu’est internet pour s’unir, se rencarder, mettre au point des actions… A condition bien entendu de sortir du militantisme de salon (ou ce chaise de bureau) pour aller au charbon. C’est cet aspect des choses qui dérange l’oligarchie dominante.
La loi HADOPI est un premier pas vers une tentative de « mise au pas » d’internet. Premier pas symptomatiquement insuffisant pour ce que désir réellement les possédants : avoir le peuple au calme.
Il fallait donc, pour éviter qu’internet ne devienne une arme de subversion trop importante, rendre l’outil inutilisable. La méthode chinoise ou iranienne n’étant pas totalement possible en Europe, c’est par l’éducation que sera brisé l’outil.
De tout temps, le bas peuple a eu à souffrir de ne pas avoir le même degré d’éducation que les possédants. Notez tout de même que cela tendait à se réduire grâce à l’école gratuite et obligatoire pour tous. Se réduire… Cela signifierait donc que ces gueux peuvent avoir demain la possibilité de se défendre et de comprendre ? Impossible ! Inimaginable pour les oligarques ! Le peuple doit continuer à servir la bourgeoisie, pas s’émanciper !
Depuis le « Club de l’Horloge » une chose est claire : pour avoir des travailleurs dociles et peu organisés, il faut tuer l’école publique et revenir à la bonne vieille école à deux vitesses (voir trois ou quatre vitesses). Il faut, pour ces seigneurs, que le gueux ne puisse pas avoir l’arme pour se défendre : savoir, connaissance, culture.
Hayek ne s’y était d’ailleurs pas trompé dans ses théories du néocapitalisme comme certains l’appellent. Un peuple d’idiot est un peuple soumis.
Du coup, voilà les oligarques et autres rassurés : l’école ne forme plus (ou de moins en moins) les esprits, le peuple est de plus en plus malléable et sans les outils de base comme la capacité d’analyse, internet n’est plus un problème !
D’une pierre pas mal de coups ! Car c’est là le problème : les défenseurs d’internet oublient trop souvent que la première chose à chrérir et défendre, au-delà de leur écran, c’est l’école émancipatrice ! Le gavage d’oie par internet n’est pas plus intelligent que n’importe quelle propagande ! Et un outil n’a jamais fait une révolution …
NKM comme elle est appelée, dans son sous ministère de « l’économie numérique » peut se réjouir : en ce moment, internet devient de moins en moins dangereux pour ses semblables.
Il est temps de renouer avec un projet novateur et fort : relançons les formations populaires, les classes sauvages, l’éducation populaire ! Ouvrons les vannes de la connaissance pour tous, sans penser que « si c’est sur internet c’est connu » ! Offrons des espace de dialogue non virtuels, réels et puissants !
Qu’il est triste de voir qu’aujourd’hui de plus en plus la militance des partis politiques et syndicats se résume à « parler par mail » ! Plus que jamais le besoin est de, pourquoi pas utiliser l’outil, mais pour réellement recréer de l’espace de vie, de l’humanité, du contact, de la vie, de l’unité…
Internet est un outil puissant, mais il doit être appréhendé comme un simple outil ! Ne le défendons pas au-delà du nécessaire, mais concentrons nous sur l’émancipation de tous…