L'interview d'Eric Woerth accordée ce mardi au Parisien a été édulcorée. Après être passée par l'Elysée?
A première vue, l'interview d'Eric Woerth, publiée ce mardi matin dans le quotidien Le Parisien, n'a rien de bien original. En annonçant des mesures en faveur des femmes, des handicapés et des chômeurs âgés, le ministre du Travail donne des éclaircissements sur les derniers points "sensibles" de la réforme des retraites. A ce détail près, qui n'a pas échappé aux futés, et notamment à un chroniqueur de France Inter: Philippe Lefébure a relevé que l'interview, réalisée par Le Parisien lundi soir, a été remaniée. La preuve? Les deux dépêches qu'a consacré l'AFP à l'entretien, la veille de sa parution, la première à 21h52, la seconde deux heures plus tard. Dans l'intervalle, d'une dépêche l'autre, les réponses ont été remaniées.Selon toute vraisemblance, Le Parisien, qui, comme c'est l'usage avait transmis son article en avant première à l'agence, a dû revoir sa copie. La deuxième version, edulcorée, est sensiblement différente de l'originale. L'Elysée est-il à l'origine de cette réécriture? Le remplacement du mot "gouvernement" par "président de la République" lorsque est évoquée la possibilité que soit augmenté le nombre de handicapées pouvant bénéficier d'une retraite anticipée, pourrait le laisser croire. Sur le fond, le propos est identique. Mais sur la forme, la seconde version est adoucie, l'intransigeance du ministre moins affichée. A 21h52, en réponse à la question du maintien ou non de la retraite à taux plein à 65 ans pour les femmes ayant élevé 3 enfants,, Eric Woerth commence par un sec "Ce n'est pas le sujet"; à 22h49, l'expression a disparu. De même, la version finale insiste, bien plus que dans l'originale, sur les écarts de salaires entre hommes et femmes, "la plus grosse injustice". La différence entre les deux entretiens peut paraître anecdotique. Elle est pourtant révélatrice des hésitations et des précautions de l'exécutif sur un projet de loi à propos duquel s'interrogent 70% des Français. Révélatrice également de l'attention qu'y porte l'Elysée.