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L’armée des anonymes

Publié le 21 septembre 2010 par H16

Je l’ai déjà évoqué à plusieurs reprises dans de précédents billets, Internet est un médium très particulier en ceci qu’il représente à la fois un canal d’information et un canal de communication. Cette analyse n’est pas menée de la sorte chez les politiciens du pays dont la plupart ne comprennent à peu près rien aux tenants et aux aboutissants de cette nouvelle technologie. Ainsi, leur support éhonté des industries culturelles et la montée en puissance de lois et procédés iniques va très probablement provoquer la première guerre électronique massive. Et ce nouveau type de conflit promet d’éclairer d’un jour nouveau la notion de Pouvoir Du Peuple…

Il semble en effet que s’organise actuellement une véritable « opération Overlord » contre les Majors et toutes les entreprises, intimement liées aux Etats et dont les connivences avec le pouvoir n’arrêtent pas d’augmenter, qui profitent et usent d’un lobbying intensif pour avancer leurs pions et leur vision du monde.

Typiquement, en France, on retrouve les ex-entreprises d’Etat que furent TF1, FT / Orange, ou celles dont les accointances quasi-libidineuses avec les politiciens sont connues (Vivendi en fait un exemple frappant).

D’un côté, donc, ces entreprises et l’Etat, monopole de la force, gros bras musclés, esprit veule et tout ça.
De l’autre, … les internautes.

Le combat semble inégal : l’internaute, c’est souvent Mamie Germaine ou Kevin Mîquet, qui n’y connaissent pas grand-chose, et qui sont régulièrement les cibles faciles et dodues des administrations diverses. Mais (et c’est ce qu’ont oublié les lobbyistes et les politiciens), l’internaute, c’est parfois un type surspécialisé en sécurité informatique ou un codeur de génie. C’est aussi, dans tous les cas, le membre plus ou moins actif d’une communauté, qui n’aime guère qu’on lui impose, ex nihilo, des lois dont jusqu’à présent tout le monde s’est passé sans que les portes de l’enfer s’ouvrent violemment.

Et cette communauté sait parfaitement prendre le temps d’expliquer à Kevin ou Mamie Germaine comment se défendre, le cas échéant. Cette communauté sait aussi faire appel à sa caractéristique première : le nombre des individus qui la composent.

Tout comme une fourmi seule ne peut lutter contre un tamanoir qui, en revanche, peut se retrouver bien embarrassé par toute un fourmilière en colère lorsque celle-ci est trop grande pour lui, l’individu seul a bien du mal à lutter contre les abrutissantes stupidités que l’État met sur son chemin électronique. La communauté des anonymes, en revanche, est puissante de son nombre et peut très bien renvoyer les velléités de domination et de contrôle de l’État au rang de caprice bien vite oublié.

Anonymous : get your ass behind a proxy and join the raid.

Or, à force d’exciter la ruche, c’est exactement ce à quoi l’État et ses sociétés satellites s’exposent : un bon gros raid des familles contre leurs infrastructures, et une fessée mémorable. Le souci, c’est que cette fessé risque bel et bien de se traduire par des pertes économiques palpables pour ces entreprises (qui l’auront bien cherché) ; la France étant depuis bien longtemps installé douillettement dans le socialisme, ces politiciens socialiseront bien vite ces pertes, ce qui ne fera finalement qu’accroître la misère pour tous…

Ce qui est particulièrement agaçant, dans cette histoire, c’est que les politiciens ne sont pas à leur coup d’essai pour saboter le pays : chaque jour qui passe, et quasiment chaque billet écrit ici, montre qu’en réalité, le principal moteur des gouvernants, et de tous ceux qui aspirent à l’être, c’est le pouvoir pour lui-même ; la chimère du bien collectif, la probité, la saine gestion, le devoir de service public, tout ça, c’est has been depuis plusieurs générations. Dès lors, l’avalanche de taxes, la législorrhée ininterrompue, les déficits, les dettes, les gabegies, les discours si creux qu’on entend la mer quand on les porte à l’oreille, tout cela est devenu parfaitement banal et concourt dans la plus parfaite irresponsabilité à décaniller tout espoir de sortie du pays autrement que par le bas.

On ne peut dès lors être qu’atterré de constater qu’ils ajoutent à cette litanie de jmenfoutismes celle de l’incompétence catastrophique en allant provoquer les centaines, les milliers de hackers qui prendront pour cible les proies faciles de l’administration – incapable de simplement patcher ses propres serveurs, par exemple – et les grosses sociétés semi-privées qui auront eu l’idiotie de croire en la force de l’État pour se protéger.

Ne voyant même pas plus loin que le bout de leur nez, ces mêmes politiciens, ces mêmes entreprises et ces mêmes lobbyistes ne se rendent pas compte que la lutte qu’ils engagent est, d’ores et déjà, perdu pour eux : ils n’ont pas la légitimité, ils n’ont pas les compétences, ils n’ont pas les moyens et n’ont pas même l’idée de répliquer ou de pouvoir se défendre.

Si, un jour, anonymous décide de s’en prendre à l’appareil stato-capitaliste franchouille, je ne donne pas cher de sa peau. Et je serai le dernier à le pleurer.


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