Abderrahim, un enfant de quatre ans enlevé la veille de l'Aïd devant son domicile dans la commune d'Al Achir (Bordj Bou Arréridj), n'est toujours pas retrouvé. Consternés, des villageois se sont lancés dans une action de protestation pour exiger la libération du petit enfant. Malgré l'intervention musclée des services de l'ordre, les manifestants ont promis d'autres actions. Les temps de quiétude où les bambins circulaient en toute liberté, semblent bien révolus.
Le danger les guette au quotidien. Il suffit d'un moment d'inattention et le tour est joué. Fait sociétal extrêmement alarmant et qui augmente intensément, le phénomène du kidnapping devient ravageur. Ces nombreuses disparitions tragiques plongent la société civile dans un état de terreur constant. Nul n'est à l'abri de ce genre d'incidents malencontreux qui marquent à vie. Usant de toute sorte de subterfuges, des malfrats de tout acabit sèment la panique chez une population meurtrie, aspirant à rien d'autre qu'à la paix. Des menaces sont proférées, des rançons sont exigées. Le feuilleton des enlèvements ne semble pas connaître son épilogue. Il ne le connaîtra pas de sitôt si les parents n'y prennent pas garde.
La protection des enfants contre les agissements des bourreaux demeure une équation à plusieurs variables. Les efforts conjugués des associations, des services de sécurité, des sociologues et psychologues n'ont pas abouti aux résultats escomptés. Faut-il alors accompagner sa progéniture tous les matins et à longueur de journée pour être rassuré? Sur le trajet de l'école, dans la cage d'escaliers ou dans la rue, des bambins risquent de rencontrer un homme étranger, animé d'intentions malsaines.
Le cas de Abderrahim avertit les milliers d'enfants. Ceux qui se rendent quotidiennement à l'école sont les plus exposés. L'appel à la vigilance est devenu une nécessité pressante, car certaines victimes ont été kidnappées par leurs proches qui leur font, par la suite, subir des sévices sexuels. L'officier de police Kheïra Messaoudène, chef du Bureau de protection de l'enfance à l'administration de la police, avait déclaré que dans "la plupart des cas", les enfants sont enlevés pour régler des comptes familiaux. Le kidnappeur se révèle souvent en être un membre. Entre profond chagrin, sentiment de culpabilité et regrets, les parents sont profondément affectés. Leur cauchemar commence par la disparition de l'enfant. Ses photos sont placardées sur les places publiques, dans les grandes artères de la ville, à l'entrée des magasins, dans les pages de certains titres de la presse et sur le site officiel de la police algérienne, dans l'espoir d'obtenir des informations. Dans la plupart des cas enregistrés, on finit par l'annonce du tragique événement: le décès de l'enfant. Qui des Algériens ne se souvient de Yacine Bouchelouh, kidnappé devant sa propre maison dans le quartier de Bordj El Kiffan, à l'est d'Alger en 2007? Suite à cet enlèvement, des élèves ont refusé de rejoindre les bancs de l'école. On tombe de Charybde en Scylla. Ces marmots ont souffert, la peur dans l'âme, pendant les années de la tragédie nationale. Aujourd'hui, leurs souffrances sont multiples d'autant plus que leurs ravisseurs ne sont forcément pas connus. Apparue deux fois dans l'émission mensuelle "Tout est possible", présentée par feu Riad Boufedji, la mère du petit Yacine n'a cessé de demander aux kidnappeurs de lui rendre son fils, soulignant qu'elle accèderait à toutes leurs demandes. Yacine d'Alger, Yasser de Constantine, Abderrahim d'El Bordj et bien d'autres noms de disparus et parfois décédés dans des conditions dramatiques, nous rappellent le terrible cauchemar que nous redoutons tous: être privés "bêtement" de l'un des nôtres. Par ailleurs, il convient de rappeler que d'autres tentatives ont été avortées grâce à la vigilance des citoyens. Les habitants de la cité Kosovo, à Khenchela, ont bloqué toutes les issues du quartier pour anéantir une tentative. La section d'investigations de la gendarmerie de Boumerdès a, récemment, démantelé une bande spécialisée dans le kidnapping activant à partir de la wilaya de Tizi Ouzou, suite au signalement, le 16 août dernier, du kidnapping d'une fillette, M.A. devant son domicile familial, sis au centre-ville de Dellys, à Boumerdès.
Fouad IRNATENE